L’imposture

C’est la responsabilité de la société civile de maintenir une lucidité vigilante et critique sur le comportement de nos élus. Avec un premier ministre sortant qui nous harcèle presque, par ses multiples demandes de le jauger, il serait incivil de notre part de refuser l’invitation. Evidemment on ne va pas se fier aux images passées en boucles par des médias fanatiques. Concentrons-nous sur ce que nous cache ce givre au risque de commettre l’abominable crime de lèse-majesté.

 

Dans la jungle politique il est souvent question de personnalisation du pouvoir. Mais de là à sombrer dans le narcissisme est chose différente. Tel le Prince, Pravind Jugnauth, est incapable de construire une phrase sans prononcer le mot « moi ». Est-ce qu’il est un « menteur » comme le décrivent ses adversaires et anciens amis ? Car le mensonge peut parfois s’avérer être un mal nécessaire dans la démarche d’une bonne cause. Dans le cas de notre prince, pratiquer l’art de cacher ses intentions, ou de tricher sur ses pensées révèle de l’hypocrisie à l’état pur. Une attitude hypocrite, c’est avoir un comportement lâche et malhonnête. Tel le personnage fourbe et doué dans l’art de tromper, de Molière – Tartuffe.

On comprend que le catalyseur de ce comportement se trouve dans la soumission qu’il a mal vécue dans l’ombre de sa très grande famille sous le diktat matriarcal. Il n’y a rien de « mal » à cela, sauf qu’une personne qui a grandi avec la réputation d’être un maladroit et dont toutes les décisions le concernant sont prises par d’autres, finit par nourrir une rage de s’affirmer.

Sorti de l’ombre de son père, Pravind Jugnauth semble jouir de chaque seconde de sa liberté. Devenir libre à 57 ans, c’est aussi 57 ans de rêves à réaliser. Quoi de mieux que le fanatisme pour voguer vers ses songes. Tout comme le personnage dans l’œuvre de Molière, son fanatisme est fondé sur l’imposture. Pour combler le vide intellectuel et l’inculture, il s’entoure des communicants en tout genre dont le seul objectif est de glorifier un personnage inexistant. A force d’amidonner, l’étoffe se tient tout seul et Pravind Jugnauth finit par consommer l’effervescence dont il est lui-même le créateur.

Comme chez les clans Duvalier Marcos, Trabelsi et tant d’autres, la politique est avant toute chose, par la famille et pour la famille où les biens publics sont considérés comme patrimoine familial. Sous couvert des rigueurs Pravind Jugnauth cumule les méfaits qui au fil du temps deviennent de plus en plus abomi-nables. Son crétinisme (l’art de se mettre un bandeau sur les yeux et de se remplir les oreilles de cire) comme le rappelle sans cesse sons ancien partenaire Paul Berenger, l’entraîne vers l’usure à une vitesse phénoménale. Aujourd’hui en promettant ciel et terre, il sait pertinemment que pour se protéger du pouvoir, il faut rester au pouvoir. Mais comme disait Jean-Jacques Rousseau, « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la Terre n’est à personne »

 

Manifeste…ment

Vous croyez peut-être qu’on exagère ! Ou que cette virulence est injustifiée ! Les résultats des législatives de 2014 étaient principalement dus à la colère justifiée d’un peuple en quête d’espoir, d’égalité, de prospérité, de paix, de justice et surtout de vérité. Les manœuvres pour propulser Pravind Jugnauth à la tête du pays constitue une perversion indiscutable de la démocratie.

Que vous soyez partisan ou pas, ce pays nous appartient à tous et il nous incombe d’assumer nos responsabilités individuelles et collectives afin de subvenir aux besoins des générations futures. Des besoins non seulement de nature matérielle, mais aussi immatérielle comme les patrimoines et valeurs qui font de nous des humains. Le silence ou l’aveuglement restera à jamais comme une tache sombre dans notre histoire. D’où le besoin de vérité et de conscience.

Un manifeste est une déclaration écrite et publique par laquelle un parti politique expose son plan d’action et sa philosophie politique. En toute logique, mis à part le fanatisme, le choix de la grande majorité des votants est influencé par les mesures enjoncées dans le manifeste.

Le 22 novembre 2014, L’allains Lepep présentait son manifeste. Presque 5 ans déjà. On vous invite à redécouvrir les promesses et d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

Notre contrat de confiance avec la population en 12 commandements

1. Nous gouvernerons pour le peuple, avec le peuple et dans l’intérêt de toute la Nation, pas pour nous, ni pour un petit groupe d’amis, d’agents politiques, de copains ou de copines.

2. Nous ferons la politique autrement : la discipline, la transparence, la redevabilité et la gouvernance exemplaire constitueront la règle pour le Premier ministre, les ministres, les députés, les conseillers mais aussi à tous les niveaux dans chaque ministère, organisme paraétatique et département de la fonction publique. Nous allons mettre en place un comité spécial pour mettre fin aux nominations inadaptées aux postes importants. Nous éliminerons les gaspillages.

3. Nous combattrons la pauvreté, améliorerons le pouvoir d’achat et la qualité de vie de nos concitoyens, mettrons en place une politique équitable et améliorée en matière de logement, de conditions de vie et de justice sociale pour les couches les plus défavorisées et vulnérables de notre société. Nous accorderons une attention particulière à l’épanouissement des enfants et de la jeunesse, à l’égalité des sexes, à l’autonomisation des femmes, aux handicapés physiques et aux retraités ainsi qu’aux travailleurs en général.

4. Nous allons créer des emplois tant dans le secteur public que privé en préparant, aux frais de l’Etat, les jeunes diplômés, selon les compétences requises par le marché du travail. Nous comptons adopter une politique d’embauche fondée sur l’ouverture, la transparence et le mérite. Nous garantirons des chances égales à tous.

5. Nous ferons de notre pays un endroit plus sûr et plus sécurisé pour notre population, de même que pour les touristes. Nous adopterons une politique de zéro tolérance envers la criminalité, les viols, les enlèvements et le trafic de drogue. Une commission d’enquête sur la drogue sera instituée aussitôt que nous formons le prochain gouvernement.

6. Nous comptons valoriser, faire respecter et protéger notre environnement, nos ressources naturelles, nos plages et notre patrimoine. Nous mettrons un terme à la braderie des Pas Géométriques et des terres de l’État et traduirons en justice ceux qui ont abusé du système. Nous adopterons une politique de développement qui soit responsable et écologiquement durable.

7. Nous libérerons notre société de l’emprise d’une corruption généralisée, du favoritisme, du népotisme, des mafias et des ingérences politiques.

8. Nous ferons preuve d’innovation ; nous revitaliserons et démocratiserons notre économie. Nous réduirons la dette publique, encouragerons l’épargne et les investissements ; réduirons le fossé entre riches et pauvres. Nous lancerons de nouveaux pôles de développement pour favoriser la création de richesses et d’emplois durables. Nous prenons le pari de réaliser un 2ème Miracle Economique.

9. Nous élargirons les paramètres de notre démocratie en proposant des réformes permettant l’émergence d’une société plus participative. Un code de conduite pour les responsables politiques et les ministres sera élaboré. Il y aura des référendums obligatoires pour des questions cruciales concernant l’État.

10. Nous légiférerons pour combattre le ’transfugisme’ à l’Assemblée nationale et clairement établir le nombre de séances parlementaires obligatoires chaque année.

11. Nous réorganiserons la MBC afin qu’elle joue son rôle de radio-télévision publique. Nous introduirons la télévision privée. Les chaînes de télévision privées pourront librement organiser des débats publics sur des questions concernant l’économie, la politique et l’actualité.

12. Nous garantirons la liberté d’opinion et la liberté de mouvement. Tout citoyen sera libre de démontrer publiquement son appartenance politique sans crainte de sanction, de discrimination ou de harcèlement de la part du gouvernement.

 

Catalyste

Pour comprendre les agissements de Pravind Jugnauth, il faut savoir les influences exercées sur sa personne et quoi de mieux que ce refrain de nos grand parents « Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es ». S’il y a un nom qui revient sans cesse, c’est bien celui de Ken Arian. Inconditionnel d’Emmanuel Macron au point où avec ses frères logés à la même enseigne songeaient en 2014 à promouvoir la franchise « En Marche » chez nous. Lui et ses partenaires entre autres le bien aimé frère Nilen Vencadasmy sont les architectes des campagnes de débauchage chez les partis de l’opposition.

Ken Arian est en quelque sorte un modèle réduit de Jacques Attali qui se croit « King Maker », mais qui en réalité produit un nombre impressionnant d’erreurs d’analyse. Rappelons qu’en 1988, Jacques Attali alors gourou de François Mitterrand, recommandait de suivre le modèle économique grec. En 2000, il annonçait l’émergence imminente des deux superpuissances du 20ème siècle : l’Union Européenne et le Japon. Pas drôle que Pravind Jugnauth croie vraiment que nous sommes un grand du continent africain.

Les différends avec Ken Arian sont de nature idéologique et nous décrions sa dépendance à outrance sur sa confrérie. Il convient de souligner qu’il se démarque quand même de certains conseillers manipulateurs et lâches.

 

Le spectre de Vassili Zaïtsev

La photographie est un formidable outil de propagande notamment en temps de c ampagne politique. La technologie et les réseaux sociaux permettent à projeter l’image la plus irréelle qui soit. Bien avant la campagne de Barack Obama en 2008, où le monde découvrit la puissance de la communication à la fois simple et moderne, Adolph Hitler avait marqué son temps par sa maitrise de l’image. Le Führer galvanisait tout un pays autour de ses ambitions démesurés. Cette technique de propagande est aussi symbolisée par le mythique guerrier de Stalingrad – Vassili Zaïtsev.

Rien a changé depuis la grande guerre et l’élection d’Emmanuel macron en est la preuve irréfutable qu’il suffit d’un peu de chaleur pour toucher le cœur des citoyens. Plus près de chez nous, dans la grande péninsule, Narendra Modi a réussi l’impensable en créant ce culte de personnalité tant nécessaire pour le mener au pouvoir. A vrai dire l’efficacité de la propagande repose sur la crédulité et aspirations des citoyens. Cette naïveté est indispensable à la réussite de la propagande car face au questionnement, tout s’écroule.

Au cours de ces dernières années on a vu défiler des photos impressionnantes de nos dirigeants. Loin de s’imaginer de l’existence d’une brigade d’experts en tout genre manipulant l’image diffuser en boucles sur supports accessible, les citoyens s’identifient sans se douter d’une quelconque supercherie.

L’aveuglement les empêchent de se poser des questions, pourtant d’une logique si simple. C’est quand la dernière fois qu’il a été au pèlerinage ? Pourquoi est-il accompagné par tout un bataillon de conseillers ? Au lieu de se photographier en train de ramasser les ordures chaque deux ans, n’est-il pas de son devoir de s’assurer que les collectivités locales assument leurs responsabilités quotidiennes ? Pourquoi devrons-nous payer pour assouvir ses désirs ou réaliser ses rêves d’enfance ? Pourquoi réalise-t-il des projets auxquels il était farouchement contre ?

Dans tout ce délire, il existe la certitude que l’un des effets secondaires de la politique est la Mythomanie et nourri par le fanatisme, elle demeure incurable.

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