Depuis une dizaine d’années, des paysans et des paysannes s’organisent pour travailler ensemble à réintroduire dans leurs systèmes agricoles des semences de variétés paysannes, à les sélectionner, à les multiplier, à les adapter à leurs pratiques et à leurs environnements. Différents groupes se sont petit à petit constitués et ont manifesté depuis leurs débuts leurs besoins d’être accompagnés et appuyés pour pouvoir avancer dans leurs démarches. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’ARDEAR et les ADDEAR accompagnent et animent ces groupes pour leur permettre de continuer leur travail et leurs réflexions en collectif : au moyen de journées d’échanges, de participation à des programmes de recherche, d’appui technique, de méthodologie, ces groupes sont aujourd’hui une dizaine dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et ne cessent de croître par leur nombre et leur diversité.
En 2020, malgré un contexte sanitaire compliqué qui ralentit l’avancement des dynamiques, les collectifs ont continué à se créer et se renforcer, surtout localement : en compétences, en connaissance, en confiance et interconnaissance et en implication. Si les différents groupes sont en attente d’un contexte plus favorable pour les rencontres, c’est particulièrement vrai pour la dynamique régionale sur les semences potagères. Des semences de céréales aux potagères en passant par le maïs et d’autres protéagineux, ils participent ensemble et avec l’appui de l’ARDEAR à montrer qu’une autre agriculture, paysanne, est possible.
Un contexte complexe qui ne freine pas les dynamiques en faveur des semences paysannes
Les dynamiques autour de la relocalisation de la production de semences et les questions d’autonomie ont connu un véritable essor durant l’année 2020. De nouveaux groupes se sont constitués, notamment dans le Cantal où un intérêt pour les semences de céréales a lancé un groupe de producteurs dans la réflexion sur les semences.
Au niveau régional, le temps d’animation fourni par l’ARDEAR et les ADDEAR continue d’être grandissant. Ces activités permettent le maintien d’une biodiversité végétale cultivée in situ, indispensable à l’adaptation des systèmes agricoles au changement climatique. Par ailleurs, elles permettent aussi d’augmenter l’autonomie décisionnelle et économique des fermes, qui pour beaucoup trouvent leurs débouchés en circuits-courts, le canal permettant la meilleure valorisation des produits issus de semences paysannes. Cela permet de ce fait d’initier des dynamiques territoriales nouvelles, en discutant avec les consommateurs et consommatrices, en soulevant des prises de conscience sur les questions agricoles et en créant des synergies interdépartementales.
Des dynamiques variées selon les espèces végétales
Concernant les semences potagères, une dynamique régionale, intergroupe, a émergé grâce à l’énergie mobilisée dans les groupes. L’objectif est ainsi de favoriser les partages d’expériences entre groupe, notamment sur les outils qui sont utilisés pour le suivi des semences, la répartition des productions des graines, les outils d’observation.
Pour les céréales paysannes, les actions 2020 ont consisté en l’animation d’un groupe régional, constitué d’une cinquantaine de personnes, ainsi que l’animation d’un groupe local dans l’Ain travaillant au montage d’une filière de commercialisation de proximité de ces céréales, et l’animation d’un groupe naissant dans le Cantal.
Par ailleurs, le sujet de l’autonomie alimentaire des fermes laitières par le développement des semences de prairies est de plus en plus présent chez les éleveurs de la Loire, surtout depuis la sécheresse de 2019. Une piste pour les éleveurs est d’envisager une diversification des productions, notamment vers du blé pouvant servir aussi à la fabrication du pain.
Enfin, un groupe de paysan.nes intéressé.es par la question de l’agroforesterie a démarré en Haute-Savoie. Ils ont commencé par avec l’état des lieux des possibilités pour intégrer l’agroforesterie dans les systèmes agricoles dans la perspective du changement climatique et de la préservation de la biodiversité forestière mais également de la faune locale.
Les dynamiques paysannes présentées sont toutes en essor en Auvergne-Rhône-Alpes, les thématiques de l’autonomie semencière et de l’adaptation au changement climatique se faisant plus pressantes que jamais. Avec le soutien de la Fondation Terre Solidaire, l’ARDEAR souhaite donc à l’avenir poursuivre l’accompagnement de ces groupes, notamment dans des dynamiques locales et régionales qui s’enrichissent mutuellement, en connectant ces développements liés aux semences à d’autres transformations des systèmes agricoles.