GENÈVE (OIT Infos) – Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), les gouvernements, les partenaires sociaux et les autres parties prenantes devraient considérer la crise du COVID-19 comme une sonnette d’alarme pour renforcer leurs systèmes de protection sociale.
Une analyse montre que les pays qui disposent de systèmes de santé et de protection sociale efficaces, assurant une couverture universelle, sont mieux armés pour protéger leurs populations des menaces que fait peser le COVID-19 sur leurs moyens d’existence. Par ailleurs, les pays qui n’ont pas de système de santé et de protection sociale solide doivent élaborer des politiques ad hoc et réaliser des interventions ponctuelles qui risquent de déboucher sur une réponse limitée et tardive.
«La pandémie a révélé de graves lacunes dans les systèmes de protection sociale à travers le monde, en particulier pour certaines catégories de travailleurs, comme les travailleurs à temps partiel, les travailleurs temporaires et les travailleurs indépendants, surtout présents dans l’économie informelle», explique Shahra Razavi, Directrice du département de la protection sociale de l’OIT. «La protection sociale doit être considérée comme un investissement et non comme un coût supplémentaire. Elle joue un rôle vital d’amortisseur social et de stabilisateur économique.»
En plus de la perte tragique de vies humaines, la pandémie risque d’accroître la pauvreté et les inégalités, avec des conséquences particulièrement préjudiciables pour les personnes âgées, les personnes atteintes de handicap ou de maladies chroniques, les travailleurs migrants et les personnes déplacées de force, indique le rapport «Social protection responses to the COVID-19 crisis: Country responses and policy considerations» (Mesures de protection sociale en réponse à la crise du COVID-19: réponses nationales et considérations politiques).
De nombreux pays ont mis en œuvre des stratégies nationales de protection sociale pour répondre à la crise dans de nombreux domaines. Ils ont étendu les indemnités de maladie financées par l’impôt aux travailleurs qui n’y auraient pas eu droit sans cela; ils ont utilisé leurs régimes de protection des chômeurs pour aider les entreprises à conserver leurs employés grâce à des dispositifs de chômage partiel, en versant des prestations chômage aux travailleurs licenciés, y compris à ceux qui, en temps ordinaire, ne sont pas éligibles à l’assurance chômage, et en fournissant aux familles une aide au revenu. D’autres pays ont fourni des prestations en nature, comme des denrées alimentaires ou des repas, ou versé des transferts en espèces pour garantir l’accès à la nourriture.
Environ un cinquième (19,3 pour cent) de ces mesures concernent des aides et subventions sociales spéciales, suivies de près par les mesures de protection chômage (15,7 pour cent), de santé (9,5 pour cent) et de distribution alimentaire (9,1 pour cent).
Plus des deux tiers des pays d’Europe et d’Asie centrale ont mis en œuvre des mesures de protection sociale en réponse à la pandémie; ce fut aussi le cas de plus de la moitié des pays des Amériques et presque la moitié des pays d’Asie. En Afrique, plus d’un tiers des pays l’ont déjà fait, et environ un tiers des Etats arabes.
Le rapport rappelle qu’une couverture sanitaire et sociale insuffisante ne met pas seulement en danger les pays concernés mais la communauté internationale tout entière.
Dans de telles circonstances, les pays devraient pouvoir bénéficier d’une aide internationale d’urgence afin qu’ils puissent adopter des mesures d’urgence pour renforcer les capacités de leurs systèmes de santé et de protection sociale – y compris en garantissant l’accès aux soins de santé et à l’aide au revenu.