DAMAS (OIT Infos) – Une nouvelle évaluation de l’OIT sur les besoins des ménages et des travailleurs touchés par le tremblement de terre dans la ville syrienne d’Alep de février 2023 a révélé qu’avant le séisme, 88 pour cent des ménages interrogés considéraient que leurs revenus étaient insuffisants pour faire face au coût de la vie, ce chiffre passant à plus de 95 pour cent après le tremblement de terre.
Le tremblement de terre a fait augmenter le pourcentage de ménages dont le revenu mensuel est inférieur à 200 000 livres syriennes (20-30 USD), qui est passé de 39,5 % avant le tremblement de terre à 51,7 % après le tremblement de terre. La plupart des ménages interrogés (64 %) ont fait état d’une baisse de leur revenu mensuel après le tremblement de terre, et ce pourcentage était plus élevé dans les catégories de revenus les plus faibles.
Pour compenser la baisse de revenus, les ménages ont recours à des stratégies d’adaptation, notamment en empruntant, en exerçant plusieurs emplois et en optant pour des aliments moins appréciés et de moins bonne qualité pour faire face à la situation.
Environ 11 % des familles interrogées ont des enfants qui travaillent, l’absence de revenus suffisants étant un obstacle majeur à l’éducation de leurs enfants. La perte de revenus due au tremblement de terre a renforcé cet obstacle.
Environ 28,6 % des personnes employées interrogées ont perdu leur emploi ou leur travail a été affecté par le tremblement de terre, la majorité d’entre elles indiquant qu’elles ne disposaient d’aucune forme d’assurance pour se protéger contre les blessures ou la perte d’emploi.
Les résultats de l’évaluation montrent que le défi le plus pressant auquel sont confrontés les ménages après le tremblement de terre est la difficulté à trouver un emploi et une source de revenus stable, selon 75 % des personnes interrogées. L’approvisionnement en nourriture est une autre priorité majeure à tous les niveaux, suivie par la recherche d’un travail approprié pour combler l’écart de revenus.
En ce qui concerne les formes de soutien souhaitées pour rétablir les moyens de subsistance, environ 34 % des personnes interrogées ont déclaré que leur priorité serait d’acquérir une nouvelle compétence afin d’accéder à des possibilités d’emploi, et environ 34 % ont choisi le financement de petites activités génératrices de revenus.
Environ 43 % préfèrent travailler dans le secteur industriel, suivi par les services sociaux liés à la santé (12 %), l’agriculture (10 %), les télécommunications et les services informatiques (10 %).
Les résultats de l’enquête visent à donner un aperçu de l’impact du tremblement de terre sur les travailleurs, leurs moyens de subsistance et leurs sources de revenus. Elle cherche également à identifier les points d’entrée pertinents pour la mise en place d’interventions qui peuvent être incluses dans l’approche de l’OIT axée sur l’emploi.
Les données de l’évaluation sont basées sur un échantillon de 402 ménages représentant plus de 2 000 personnes à Alep. Environ 55 % des personnes interrogées faisaient partie de la population en âge de travailler (personnes âgées de 15 à 64 ans), et 32 % d’entre elles avaient un emploi. Les résultats de l’enquête ont été complétés par des données provenant d’enquêtes nationales sur la structure économique d’Alep avant le tremblement de terre, les indicateurs du marché du travail et l’impact socio-économique du tremblement de terre sur le gouvernorat d’Alep.
L’évaluation fournit un certain nombre de recommandations pour l’avenir. Il s’agit notamment de réhabiliter les centres de services sociaux endommagés, en particulier les écoles, les centres de santé et d’autres infrastructures sociales et économiques, afin d’aider les familles touchées à répondre à leurs besoins urgents. Il s’agit également de développer et de coordonner les efforts entre les différents acteurs potentiels et d’établir un mécanisme pour mettre les demandeurs d’emploi en contact avec le marché du travail et le secteur des entreprises par le biais de programmes de formation en cours d’emploi et de soutien salarial, et de revoir les réglementations et les systèmes liés au salaire minimum pour qu’ils soient compatibles avec le niveau de vie minimum en Syrie.
L’OIT s’est déjà engagée avec des partenaires dans la mise en œuvre d’un programme à forte intensité d’emploi à Alep, qui crée des opportunités d’emplois décents par le biais de travaux d’infrastructure communautaires. La génération de revenus et le travail décent, associés au renforcement des compétences et à l’amélioration des conditions de travail, sont des priorités absolues pour soutenir des solutions à long terme pour les moyens de subsistance des travailleurs et de leurs familles les plus touchés par le tremblement de terre.