Depuis maintenant trois ans la Fondation Terre Solidaire soutient Fleurs d’Halage, un projet mené par l’association Halage visant à relocaliser la production de fleurs en France et promouvoir une production respectueuse de la nature et des personnes. Lors de sa dernière visite en juin 2023, l’équipe de la Fondation Terre Solidaire a eu l’occasion de constater une fois de plus la belle évolution du projet.
Réhabiliter une friche industrielle
En juillet 2020 alors que nous sommes à peine sortis du premier confinement, nous nous rendons sur L’Ile-Saint-Denis, plus précisément sur Lil’Ô. Cet espace de 3,6 ha, est situé au bout de L’île-Saint-Denis entre le parc départemental et un espace fermé au public pour la tranquillité des oiseaux.
Lil’Ô est né de la volonté commune des acteurs du territoire (Département de Seine Saint-Denis, ville de l’Île-Saint-Denis, habitants et associations), de réhabiliter un site longtemps utilisé comme lieu de stockage de remblais (lors de la rénovation haussmannienne de Paris, du dragage de la Seine, ou plus récemment, de la construction du périphérique parisien), puis comme site industriel pour la voirie et le BTP.
La réhabilitation de ce site est confiée à l’association Halage, basée sur l’Île-Saint-Denis. Halage intervient dans les domaines de l’insertion sociale et professionnelle sur quatre départements franciliens (75, 92, 93, 95). Spécialisée dans le secteur des espaces verts, naturels ou agricoles, l’association est à l’origine de nombreux chantiers d’insertion et également de formations pour adultes, de jardins solidaires et de projets de développement de la Nature en ville.
Relancer l’horticulture française
Lors de cette première visite sur Lil’Ô, le projet Fleurs d’Halage n’en est qu’à ses débuts. Une première expérimentation a été faite sur un terrain de 450 m² sur l’Île-Saint-Denis. Alors que 85% des fleurs coupées en France sont importées, Rustam Tsarukyan, en parcours d’insertion dans une équipe espaces verts d’Halage, s’interroge sur la possibilité de cultiver les sols urbains pour relancer l’horticulture française. C’est le début de l’aventure qui se poursuit ensuite sur Lil’Ô.
Le projet s’adresse à des personnes éloignées de l’emploi, en difficulté sociale et/ou économique. L’association les forme aux nouveaux métiers agricoles, dans l’optique de favoriser un retour progressif à l’emploi pérenne. Toutes les personnes viennent des quartiers alentours, sans distinction sociale ou d’origine. et une place privilégiée est également accordée au public féminin, sous-représenté dans les métiers agricoles.
En juin 2020, aucune fleur ne pousse encore. Le terrain semble très vide : ce n’est qu’un grand terrain vague encombré de matériaux de chantier. Mais les projets ne manquent pas pour redonner vie à cet espace.
Les Alchimistes sont déjà installés et les camions viennent déverser les déchets alimentaires qui deviennent de la terre utilisée ensuite pour produire les fleurs à quelques mètres.
La serre est en cours de montage. L’objectif est de cultiver 6000m² de fleurs en pleine terre, de feuillage et de graminées, dont un tiers sous la serre.
Des fleurs cultivées et distribuées localement
Depuis cette première visite en 2020, nous sommes retournés plusieurs fois afin de voir comment le projet évoluait. Nous sommes revenus sur les lieux à plusieurs reprises afin de se rendre compte de l’évolution du projet. Et quelle avancée !
D’un terrain quasi vide en 2020, ce sont bien maintenant 6000m² qui sont cultivés. 100 000 tiges de fleurs sont produites chaque année par une trentaine de personnes en insertion professionnelle. Les fleurs produites Elles sont ensuite vendues en circuit court dans un rayon maximum de 15 kilomètres à des fleuristes partageant les valeurs du projet. Les Fleurs d’Halage sont cultivées selon les règles de la Charte d’agriculture biologique. L’équipe veille à respecter le cycle naturel des fleurs, sans intrant chimique et sans intervenir sur le cycle naturel de la fleur.
De nouveaux projets ont vu le jour comme « Les faiseurs de terre », une production de substrats fertiles à partir de matériaux présents en milieu urbain et périurbain (issus de la transformation de déchets), respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois dans une filière encore à inventer. Et l’idée d’essaimer commence à murir. L’association est accompagnée pour formuler un guide qui permettra à d’autres d’avoir les clés pour démarrer des projets similaires ailleurs et faire ainsi grandir la production de fleurs en France.