BUENOS AIRES (OIT Infos) – L’extension de la couverture du congé parental et des pauses d’allaitement conformément aux normes internationales, ainsi que l’universalisation de services de qualité en matière de garde d’enfants et de soins de longue durée, généreraient des millions d’emplois directs et indirects en Amérique latine et dans les Caraïbes, la plupart formels et occupés principalement par des femmes.
C’est ce que souligne l’étude Soin à autrui au travail en Amérique latine et dans les Caraïbes: Investir dans les congés et services de soins pour une plus grande égalité dans le monde du travail par le Bureau régional de l’OIT, qui analyse l’évolution des politiques en matière de protection de la maternité et de congés et services de soins et leur mise en œuvre effective dans 32 pays de la région.
«Il est urgent d’investir dans des politiques de soins transformatrices pour générer du travail décent dans le secteur des soins, renforcer les systèmes de protection sociale et contribuer à combler les écarts entre hommes et femmes sur le marché du travail et dans la répartition du travail de soins», a déclaré Paz Arancibia, spécialiste de l’OIT en matière d’égalité entre hommes et femmes pour l’Amérique latine et les Caraïbes, lors de la présentation du rapport au cours de la XVe Conférence régionale sur les femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes de la CEPALC, qui s’est tenue cette semaine à Buenos Aires. «C’est une condition sine qua non pour un développement productif, égalitaire et inclusif», a-t-elle ajouté.
Une simulation globale menée par l’OIT dans 82 pays du monde au début de l’année, qui comprenait l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Mexique et le Pérou, a estimé qu’investir dans le congé parental universel, les pauses d’allaitement, les services de garde d’enfants et les services de soins de longue durée dans ces sept pays d’Amérique latine permettrait de créer 25,8 millions d’emplois directs et indirects.
Environ 9 emplois sur 10 seraient formels et environ 8 sur 10 seraient occupés par des femmes.
L’auteur du rapport régional de l’OIT, Larraitz Lexartza, a noté: «Malgré les progrès réalisés au cours de la dernière décennie, les pays de la région sont confrontés à d’importants défis dans le domaine des soins. La pandémie a encore mis en évidence le caractère central des soins et l’urgence de consolider et d’intensifier les efforts.»
Congé de maternité, de paternité et parental
Si tous les pays étudiés reconnaissent le droit au congé de maternité, il existe des écarts considérables par rapport aux normes internationales en termes de durée, de prestations en espèces et de financement: dans 17 pays, la durée du congé est inférieure à 14 semaines, soit la période minimale stipulée dans la convention n° 183 de l’OIT.
Dans quatre pays, la prestation en espèces pendant le congé représente moins de deux tiers du revenu antérieur. Dans un pays, les prestations sont financées par l’employeur et dans cinq, elles sont mixtes, c’est-à-dire que le paiement est partagé entre l’employeur et le système de sécurité sociale.
La couverture juridique est également plus faible, voire inexistante, dans de nombreux pays pour les travailleurs domestiques, les indépendants, les travailleurs informels et les mères adoptives.
Quant au congé de paternité, douze pays ne reconnaissent toujours pas ce droit. Parmi ceux qui ont un congé de paternité, dix ont un congé de paternité de cinq jours ou moins. En ce qui concerne les prestations en espèces, dans deux pays, le congé de paternité n’est pas rémunéré; dans la majorité – treize pays – le congé est payé par l’employeur et dans deux, le financement de la prestation est mixte. Seuls huit pays l’appliquent en cas d’adoption.
En ce qui concerne le congé parental (congé qui suit immédiatement le congé de maternité et de paternité et qui, dans la plupart des cas, peut être partagé entre la mère et le père), seuls quatre pays de la région reconnaissent le congé parental, et dans l’un d’entre eux, il n’est pas rémunéré.
Congé de longue durée et congé d’urgence pour les aidants
Seuls cinq pays (dont un sans rémunération) prévoient un congé de longue durée pour s’occuper de membres de la famille malades ou dépendants qui ont besoin d’aide pour leurs activités quotidiennes.
Quant au congé d’urgence (congé de courte durée qui peut être pris en cas de force majeure dans des situations d’urgence familiale), moins de la moitié des pays (15 sur 32) le reconnaissent, et dans un seul il est financé par la sécurité sociale.
Sécurité et santé au travail pendant la grossesse et l’allaitement
Sur les 32 pays de la région, 22 n’ont aucune mesure pour protéger les femmes enceintes et allaitantes contre le travail de nuit, et 10 n’ont aucune protection contre les travaux pénibles, dangereux, malsains, toxiques et nocifs. Parmi celles qui prévoient une telle protection, certaines conservent des dispositions qui impliquent une discrimination fondée sur le sexe, puisqu’elles interdisent à toutes les femmes d’effectuer un travail de nuit ou un travail dangereux.
En ce qui concerne le congé payé pour les examens médicaux prénataux, 25 pays ne le prévoient pas dans leur législation.
L’allaitement au travail
Jusqu’à présent, dans 12 pays, les femmes n’ont pas droit à des pauses d’allaitement rémunérées, et dans les 20 pays qui le font, les employeurs doivent les financer. Parmi les pays qui prévoient ce droit, sept ne précisent pas la période pendant laquelle il peut être exercé. En outre, le temps de pause n’est supérieur à une heure que dans deux pays.
La réglementation de 12 pays exige la présence d’installations d’allaitement sur le lieu de travail, bien que les critères varient d’un pays à l’autre.
Services de garde d’enfants et services à long terme
Dans la plupart des pays de la région, il existe un décalage considérable entre la fin du congé parental et le début des services universels de garde d’enfants prévus par la loi ou le début de l’école primaire obligatoire.
Pendant cette période, les familles ne disposent pas du soutien nécessaire pour s’occuper de leurs enfants. Dans 23 des 29 pays pour lesquels des informations sont disponibles, les écarts vont de 2,7 ans à 6,7 ans. Dans les 6 autres pays, il n’y a pas de période sans soutien, comme l’exige la législation. Cependant, dans la pratique, la couverture des services est faible dans la plupart des cas.
S’il existe des services de soins de longue durée pour les personnes âgées soutenus par la loi dans 18 pays de la région, leur couverture est faible et ils sont souvent externalisés.
Douze pays fournissent des services de soins personnels à domicile, huit ont des centres de soins de jour et 17 ont des services de soins résidentiels de longue durée obligatoires fournis ou subventionnés par l’État.