Alors que le GIEC ou l’ONU appellent dès maintenant à repenser nos sociétés, comment l’envisager dans un système d’évaluation et d’analyse encore tourné vers le passé ? Il apparait aujourd’hui primoridal de modifier les outils qui nous permettre d’appréhender l’état de santé de notre société, afin de trouver de nouveaux indicateurs.
La naissance du premier indicateur économique
Aujourd’hui, le principal indicateur de croissance est le Produit Intérieur Brut (PIB). Cet indicateur, bien qu’utile pour suivre l’évolution du système économique à tous les niveaux, présente des défauts importants. Il a été créé après le crash boursier de 1929 aux Etats-Unis par Simon Kuznets. Le PIB était conçu pour synthétiser la valeur ajoutée d’une économie sur un temps voulu (1, 2, 10 ans …). A l’époque, cela permettait d’analyser l’évolution de l’économie américaine alors en pleine crise économique. Dès 1934 les Etats-Unis utilisent alors le PIB. En 1944 par l’Accord de Bretton Woods, le PIB est adopté au niveau international.
S. Kuznets avait dès 1934 mis en garde sur l’utilisation de cet indicateur. S’il peut quantifier l’évolution du flux de masse monétaire sur 1 an, il n’indique rien des besoins sociaux d’un pays. Ses mises en garde n’ont pas été prises en compte. Ainsi, depuis plusieurs décennies, tous les pays du monde utlisent le PIB comme indicateur de référence.
Les critères sociaux s’immiscent dans les indicateurs
Plusieurs crises économiques et un accroissement des inégalités sociales poussent les chercheurs et acteurs publics à trouver de nouveaux indicateurs. Dès les années 1990 la préocupation de la prise en compte des besoins sociaux est grandissante. C’est de là qu’est né en 1990 l’Indice de Développement Humain (IDH). Il représente le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et l’âge moyen de fin d’études. Bien que toujours incomplet, celui-ci a le mérite de prendre en compte des problématiques sociales comme la santé ou l’éducation. Depuis les années 2000 l’aspect environnemental est peu à peu apparu dans le débat public. Depuis 2 ans, est rajouté à ce calcul le poids environnemental des pays.
Les ODD, un nouveau virage pour les indicateurs de bien vivre
Les Objectifs pour le Développement Durable (ODD) sont 17 grands thèmes qui visent une meilleure justice sociale et environnementale. Cependant ces ODD, au coeur de l’Agenda 2030 et malgrè leur ambition sont trés difficilement quantifiables. De plus, il n’y a aucune instance de suivi contraignante pour les Etats.
Un renouveau des indicateurs de la part du secteur civil
Dans ce contexte, des scientifiques ou des ONGs ont cherché à développer leur propre indicateur. Cette fois-ci, ces indicateurs ne sont pas à la recherche d’un développement économique. Il est question d’indicateurs de bien-vivre. On retrouve différents indicateurs comme le Bonheur National Brut, l’Indicateur de Qualité Relationnelle, l’Indicateur de Sobriété et Efficacité Énergétique de nos logements ou l’Indicateur de Bien Être Soutenable Territorialisé.
Le Forum International pour le Bien Vivre
Ces différents indicateurs ont déjà eu ou ont actuellement une application mais à des niveaux locaux ou régionaux. Certains ont été utilisés pour la Réunion, d’autres pour des villes (Genève, Bruxelles, Bordeaux..). Toutes ces nouvelles préoccupations et ces nouvelles recherches d’indicateurs ont été concentrées récemment dans le Forum International pour le Bien Vivre. Ce forum à réuni, à Grenoble, un grand nombre de personnes pour questionner ces nouveaux indicateurs. Afin de cristalliser les 3 jours de discussions sur le sujet, le forum à donné lieu à un manifeste dont trois besoins et engagements de la part des signataires ont émergé :
Le premier est de se dôter d’outils pour l’action qui répondent aux enjeux sociaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Le second est de s’appuyer sur ce qui existe pour aller plus loin. En effet, des indicateurs alternatifs aux seuls indicateurs économiques existent et sont une ressource pour l’action. Utiliser des indicateurs mieux ajustés permet de révéler des situations invisibles jusque-là, prioriser l’essentiel et agir au plus près des besoins.
Enfin le troisième est de continuer à s’engager toujours plus dans différentes démarches en direction de ces changements systémiques nécessaires.
Pour plus de détails et retrouver l’intégralité du manifeste, c’est ici.