BAGDAD, Irak (OIT Infos) – Le ministère irakien de la Planification, l’Organisation centrale irakienne des statistiques et l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont mené une enquête nationale sur la main-d’œuvre, la première de ce type à être réalisée en Irak au cours de la dernière décennie. L’enquête présente des estimations aux niveaux national, du gouvernorat, urbain et rural et couvre un large éventail d’indicateurs sur le marché du travail et les caractéristiques démographiques des résidents en Irak.
L’enquête a été réalisée par l’Organisation centrale des statistiques irakienne et le Bureau des statistiques de la région du Kurdistan (KRSO) sur la main-d’œuvre irakienne en 2021, avec le soutien technique et financier de l’OIT.
L’objectif principal de l’enquête était de collecter des données actuelles sur la taille et les caractéristiques de la population active, l’emploi, le chômage et d’autres caractéristiques du marché du travail de la population, y compris le temps de travail, le revenu de l’emploi des salariés aux emplois principaux et l’informalité de l’emploi.
L’enquête a également été conçue pour mesurer différentes composantes de la sous-utilisation de la main-d’œuvre, notamment le sous-emploi lié au temps et la main-d’œuvre potentielle, ainsi que d’autres formes de travail, en particulier la production de biens et de services pour usage final propre, conformément aux dernières normes internationales adoptées par la 19e Conférence internationale des statisticiens du travail.
Les résultats de l’enquête ont été présentés le 5 juillet lors d’une conférence à Bagdad, à laquelle ont participé le ministre de la Planification, le Dr Khaled Battal Al-Najem, et la coordinatrice nationale de l’OIT, Maha Kattaa.
«L’enquête fournit des estimations au niveau national et au niveau des gouvernorats et fournit des indicateurs importants sur le marché du travail et les caractéristiques démographiques des habitants de l’Irak», a déclaré le ministre de la Planification, le Dr Khaled Battal Al-Najem. «L’enquête ouvrira la voie à l’identification rapide des besoins liés à la création d’emplois pour les citoyens irakiens. Elle fournira également des indicateurs qui permettront d’élaborer d’importantes politiques à long terme répondant aux besoins du marché du travail», a ajouté le ministre Al-Najem.
«Les résultats montrent que 13 millions de femmes sont en âge de travailler, mais que seulement un million d’entre elles environ travaillent. Les résultats montrent également que plus d’un tiers de la population jeune n’est ni en emploi, ni en formation», a déclaré la coordinatrice nationale de l’OIT, Maha Kattaa. «Il est urgent de créer davantage d’opportunités d’emplois décents susceptibles d’attirer les femmes sur le marché du travail, et d’attirer les jeunes vers le secteur privé et l’entrepreneuriat, car le secteur public ne peut pas absorber le nombre croissant de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année.»
Principales conclusions
L’enquête sur les forces de travail, qui couvre un échantillon de 16 400 ménages irakiens et non irakiens, présente des estimations au niveau national et au niveau des gouvernorats, couvrant les 18 gouvernorats de l’Irak.
L’enquête a été menée conformément aux dernières normes internationales adoptées par la 19e Conférence internationale des statisticiens du travail.
Les résultats de l’enquête révèlent que le taux national de participation au marché du travail – le pourcentage de personnes actives sur le marché du travail, qu’elles soient employées ou au chômage – s’élevait à 39,5 pour cent en 2021. D’après les résultats de l’enquête, environ 30,2 pour cent de la population totale en âge de travailler était en dehors de la population active en 2021. La grande majorité de cette population hors du marché du travail étaient des femmes.
Le taux de participation des femmes au marché du travail était particulièrement faible, s’établissant à 10,6 pour cent, contre 68 pour cent pour les hommes.
Les données montrent en outre que le taux d’activité des jeunes (âgés de 15 à 24 ans) était de 26,5 pour cent, et celui des adultes (âgés de 25 ans et plus) de 45,8 pour cent.
Le ratio emploi/population – soit le pourcentage de la population en âge de travailler et qui a un emploi – est souvent utilisé comme indicateur de la performance de l’économie nationale en matière de fourniture d’emplois à sa population. En Irak, il s’élevait à 33 pour cent, ce qui indique que seul un tiers environ de la population en âge de travailler (15 ans et plus) avait un emploi en Irak en 2021. Le ratio est plus faible chez les femmes (7,6 pour cent) que chez les hommes (58 pour cent), et plus faible chez les jeunes (17 pour cent) que chez les adultes (40,6 pour cent).
Les données montrent que le taux de chômage s’élevait à 16,5 pour cent, ce qui signifie que pour cinq personnes employées, on comptait environ un chômeur. Le taux de chômage des femmes (28,2 pour cent) était environ deux fois supérieur à celui des hommes (14,7 pour cent) et le taux de chômage des jeunes (35,8 pour cent) était plus de trois fois supérieur à celui des adultes (11,2 pour cent).
L’enquête présente des résultats par répartition géographique, ventilés par zones urbaines et rurales, et par gouvernorat. Les données montrent que le taux de participation à la population active était plus élevé dans les zones urbaines (40,3 pour cent) que dans les zones rurales (37,3 pour cent). De même, le taux de chômage était plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones rurales, s’élevant respectivement à 17,6 pour cent et 13,3 pour cent.
L’enquête mesure également l’emploi de type informel, c’est-à-dire l’emploi non couvert ou insuffisamment couvert par des dispositions et des protections formelles, ainsi que l’emploi dans le secteur informel, c’est-à-dire l’emploi dans des établissements non couverts ou insuffisamment couverts par des dispositions formelles. Les résultats montrent qu’environ 54,8 pour cent de l’emploi total se situe dans le secteur informel et que le nombre de personnes ayant un emploi informel représente 66,6 pour cent de l’emploi total.
Les résultats montrent que la plupart des personnes employées travaillaient habituellement entre 30 et 59 heures par semaine à leur poste (61,1 pour cent). Le nombre de personnes travaillant habituellement moins de 30 heures par semaine était relativement faible (20,5 pour cent), mais nettement plus élevé chez les femmes (41,8 pour cent) que chez les hommes (17,7 pour cent). À l’autre extrémité de la distribution, les résultats de l’enquête montrent que quelque 17,9 pour cent des personnes employées travaillaient habituellement de longues heures – plus de 60 heures par semaine. Le taux de personnes travaillant de longues heures étant beaucoup plus élevé chez les hommes (19,8 pour cent) que chez les femmes (3,1 pour cent).
L’enquête révèle enfin que près d’un tiers de la main-d’œuvre ‘élargie’ de l’Irak – main-d’œuvre et main-d’œuvre potentielle combinées – était affectée par une certaine forme de sous-utilisation. Les données révèlent que la mesure composite de la sous-utilisation de la main-d’œuvre, qui combine le chômage, le sous-emploi lié au temps et la main-d’œuvre potentielle, s’élevait à 31 pour cent. En général, la sous-utilisation de la main-d’œuvre touchait les femmes (49,5 pour cent) beaucoup plus que les hommes (27,3 pour cent), et les jeunes (53,3 pour cent) beaucoup plus que les adultes (24 pour cent).
Les résultats montrent que l’emploi des femmes a davantage tendance à se concentrer dans les services (73,1 pour cent) et l’agriculture (14,4 pour cent) que les hommes dans les secteurs d’activité économique correspondants (62,2 pour cent et 7,7 pour cent, respectivement).