GENÈVE (OIT Infos) – Le Forum mondial pour une reprise centrée sur l’humain, organisé par l’Organisation internationale du Travail (OIT), s’est conclu par des engagements renouvelés en faveur d’une reprise qui donne la priorité aux personnes et s’attaque aux dangereuses inégalités exacerbées par la crise du COVID-19.
Le Forum de trois jours (22-24 février) a réuni des chefs d’Etat et de gouvernement, des responsables d’organisations internationales et de banques multilatérales de développement, ainsi que des représentants d’employeurs et de travailleurs du monde entier, afin de proposer des actions concrètes pour mieux reconstruire et renforcer le niveau et la cohérence de la réponse de la communauté internationale aux retombées sociales et économiques de la pandémie.
Des engagements en faveur des objectifs d’une reprise centrée sur l’être humain ont été pris par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque islamique de développement (BIsD), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Banque asiatique de développement (BAD), Commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux, Organisation mondiale du commerce (OMC), Banque mondiale, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), UNICEF, Banque africaine de développement (BAD), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Envoyé spécial des Nations unies pour le climat et les finances.
Un soutien similaire a été exprimé par les chefs d’État ou de gouvernement de l’Allemagne, de l’Argentine, de la Belgique, de l’Égypte, de l’Espagne, de l’Indonésie, de la Jamaïque, du Mozambique, de la République de Corée, du Samoa, du Sénégal et de la Suisse.
S’exprimant lors de la clôture du Forum, le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a souligné «les vulnérabilités extrêmes et, en fait, les inégalités qui existent dans le monde du travail», qui, a-t-il dit, ont été mises en évidence par la pandémie, «parfois de manière très brutale, très cruelle.»
«Nous devons prendre au sérieux la notion de résilience dans notre économie et dans le monde. Et cela, je pense, exige que nous adoptions ces approches intégrées dans l’élaboration des politiques de reconstruction. Cela n’a vraiment pas de sens que chaque partie du système international s’occupe de son propre mandat particulier en l’isolant de tous les autres et c’est, bien sûr, la logique de la cohérence des politiques», a-t-il déclaré.
Les sessions thématiques du Forum ont abordé les questions les plus urgentes auxquelles le monde du travail est confronté: la croissance inclusive et les emplois décents, la protection sociale universelle, la protection des travailleurs et le soutien aux entreprises, et une transition juste vers la neutralité carbone. Le Forum s’est clôturé par une discussion sur la manière de parvenir à une reprise inclusive, durable et résiliente après la crise du COVID-19.
Au cours du Forum, de nombreux délégués ont fait référence aux inégalités exacerbées par la pandémie, décrites par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans son discours d’ouverture, comme une «grande divergence» entre et au sein des pays, qui menace la reprise économique et de l’emploi.
«Les pays riches investissent un pourcentage beaucoup plus élevé de leur PIB dans la relance. Alors que de nombreux pays à faible revenu sont pris au piège de la spirale de la dette et privés de ressources – victimes d’un système financier mondial qui fait passer les profits avant les personnes – les pays en développement sont confrontés à un déficit d’emplois massif et durable», a déclaré M. Guterres.
Tout au long du Forum, les intervenants ont souligné la nécessité pour la communauté internationale d’agir et de travailler solidairement pour reconstruire en mieux. De nombreux délégués ont évoqué les feuilles de route que sont l’Appel mondial à l’action de l’OIT, ainsi que le «programme commun» du Secrétaire général des Nations Unies et l’Accélérateur mondial OIT/Nations Unies pour l’emploi et la protection sociale, qui appelle à investir pour créer au moins 400 millions d’emplois et étendre la protection sociale à quatre milliards de femmes, d’hommes et d’enfants actuellement sans couverture.
Les principaux résultats du Forum mondial en matière de cohérence des politiques multilatérales sont les suivants:
- Un nouveau partenariat entre l’OIT et le PNUD pour élaborer une feuille de route commune pour l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale, et pour lancer et mettre en œuvre l’Initiative mondiale conjointe sur la promotion des voies vers la formalité.
- Un approfondissement de la coopération entre l’OMS et l’OIT pour renforcer les liens entre le secteur de la santé et les institutions du monde du travail, afin de mieux protéger les travailleurs contre les risques pour la santé mentale et les accidents du travail et les maladies professionnelles et de préparer les lieux de travail aux crises sanitaires.
- Un nouvel accord-cadre à développer avec la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) pour renforcer la coopération sur les projets et l’assistance technique dans des domaines tels que l’égalité des sexes, une transition juste et l’action climatique pour l’emploi.
- Un nouveau protocole d’accord à signer avec la Banque islamique de développement (BIsD) pour soutenir une reprise centrée sur l’humain, qui envisage une coopération dans des domaines tels que l’autonomisation économique des jeunes, l’égalité des sexes, le travail décent dans les situations de crise, et la promotion de la coopération triangulaire Sud-Sud.
- Un engagement renouvelé du Fond Monétaire International (FMI) à protéger et à prioriser les dépenses sociales pour lutter contre une «divergence dangereuse» dans la reprise entre les pays.
- Un renforcement de la collaboration entre la Banque asiatique de développement (BAD) et l’OIT pour améliorer la capacité des systèmes de protection sociale et l’harmonisation des données, à l’appui des activités de la Banque en matière de financement du changement climatique et de retrait des centrales électriques au charbon.
- Un approfondissement de la coopération entre l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et l’OIT sur la transition juste et la croissance de la productivité.
- Un renforcement de la collaboration avec la Banque africaine de développement dans les domaines du développement des compétences et de l’emploi des jeunes.
- Une extension de la collaboration entre l’OIT et la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour soutenir les pays dans leur planification de la transition juste.
- Un approfondissement de l’engagement de l’UNICEF, en partenariat avec l’OIT et la famille des Nations Unies au sens large, afin d’assurer des progrès dans la réalisation de la protection sociale universelle.
- Un engagement fort de la Banque mondiale envers le Partenariat mondial pour la protection sociale universelle en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (USP2030), présidé conjointement avec l’OIT.
- Un large éventail de pays et d’institutions ont exprimé leur soutien à l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale pour une transition juste.
D’autres partenaires multilatéraux ont également fait référence aux éléments d’une transition centrée sur l’humain. L’envoyé spécial des Nations Unies pour le climat et les finances a souligné la nécessité d’une reprise centrée sur l’homme pour faire face à la crise climatique. Le commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux a attiré l’attention sur la mise en œuvre d’une nouvelle communication de l’Union européenne sur le travail décent – guidée par les quatre piliers du travail décent de l’OIT – pour une transition mondiale juste et une reprise durable. La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) s’est engagée à mobiliser des financements supplémentaires pour construire des systèmes de protection sociale solides grâce à des partenariats efficients, efficaces et cohérents et à la solidarité mondiale. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a évoqué la nécessité vitale pour le commerce d’augmenter le niveau de vie, de créer des emplois décents et de bénéficier aux populations.