Lors du retrait britannique de la Palestine mandataire (c’est-à-dire de la Palestine placée par la SDN sous l’administration provisoire du Royaume-Uni), le 14 mai 1948, le Conseil général sioniste, émanation de la Haganah (c’est-à-dire la principale milice de la communauté juive immigrée), proclama unilatéralement l’indépendance de l’État d’Israël. Elle fut annoncée par le président de l’Agence juive (c’est-à-dire l’exécutif de l’Organisation sioniste mondiale).
Il importe ici de préciser que l’occupant britannique ne se retira que d’environ un quart de la Palestine mandataire. Il avait déjà officiellement quitté les trois autres quarts, constituant la Transjordanie mandataire, future Jordanie.
Après quelques jours de réflexion, l’assemblée générale des Nations unies décida de reconnaître le nouvel État, non sans avoir souligné qu’en principe, ce n’était pas à une milice, la Haganah, de proclamer un État, même si cette proclamation venait combler le vide du départ de l’autorité mandataire, c’est-à-dire des Britanniques. L’assemblée générale avait bien noté que la proclamation d’indépendance ne disait rien du régime de cet État (théocratie ou république), ni de ses frontières. Elle entendait poursuivre son plan en vue de la création d’un État binational, à la fois arabe et juif, sans continuité territoriale entre les deux entités (Jérusalem et Bethléem ayant un statut international). Elle avait été rassurée par la référence du nouvel État à « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe. »
Dès le lendemain de l’indépendance, l’Égypte, l’Irak, la Transjordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen envoyèrent leurs armées en Palestine. L’histoire officielle assure aujourd’hui que ces six pays (les « arabes », comprenez les « musulmans ») n’acceptaient pas un État juif, alors que cinq d’entre eux s’opposaient à la colonisation juive après la colonisation britannique et que le sixième soutenait Israël. La religion n’était un problème que pour Izz al-Din al-Qassam, les Frères musulmans et le mufti nazi Mohammed Amin al-Husseini. Identiquement, la propagande assure que ces armées furent battues en brèche par la valeureuse armée israélienne, sous-entendu « depuis le premier jour, les juifs sont moralement supérieurs aux arabes ». La réalité fut tout autre. La guerre mondiale venait de se finir et aucun de ces pays, hormis la Transjordanie, n’avait d’armée digne de ce nom. Leurs troupes étaient exclusivement formées de volontaires. En outre, l’armée transjordanienne, qui mit fin au conflit, se battit du côté d’Israël contre les autres arabes. En effet, la Transjordanie, toujours sous influence britannique, espérait empêcher la création d’un État palestinien et annexer son territoire. Son armée n’était autre que celle des Britanniques (la « Légion arabe ») et était toujours placée sous le commandement du général John Bagot Glubb (alias « Glubb Pacha »). Ce sont les Transjordaniens (en fait les Britanniques) et non pas les Israéliens qui ont vaincus les autres armées arabes. Au cours du conflit, son souverain, le roi Abdallah Ier a d’ailleurs été proclamé « roi de Palestine. »
Durant ce conflit, les forces israéliennes, laissèrent les Britanniques de Transjordanie se battre contre les arabes et appliquèrent quant à elles le Plan D (en hébreu : Plan « Dalet »). La Haganah entendait en effet partager le moins de territoires possibles avec la Transjordanie. Les forces israéliennes importèrent illégalement des armes de Tchécoslovaquie (déjà dirigée par les communistes), probablement avec l’accord de l’URSS, prétendument pour lutter contre la colonisation britannique, en réalité pour expulser les Palestiniens. C’est la Nakba (catastrophe). 750 000 Palestiniens (soit entre 50 et 80 % de la population) sont déplacés de force.
Israël demande et obtient, l’année suivante, son adhésion aux Nations unies. À cette époque aucun État décolonisé n’en fait partie. Les pays sous influence anglo-saxonne y sont majoritaires. Cependant ils n’acceptent Israël que sous condition. Dans sa résolution 273, l’assemblée générale de l’ONU fait référence à un engagement écrit du ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire d’Israël, Moshé Shertok, par lequel il « accepte sans réserve aucune les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et s’engage à les observer du jour où il deviendra Membre des Nations Unies » [1].
À ce jour, Israël n’a pas respecté cet engagement et ne s’est pas conformé à 229 résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Son adhésion pourrait donc être suspendue à tout moment.
Au cours des derniers mois,
• Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré le 23 mars que l’ONU était devenue « une organisation antisémite et anti-israélienne qui abrite et encourage le terrorisme ».
• Israël a mené campagne contre une agence des Nations unies, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l’accusant d’être au service du Hamas. En juillet dernier, la Knesset a adopté trois lois (1) interdisant à l’UNRWA d’opérer sur le territoire israélien (2) privant son personnel des immunités diplomatiques (3) la déclarant organisation terroriste.
• Le représentant permanent d’Israël aux Nations unies, Gilad Erdan, a déclaré lors de la fin de son mandat, en août dernier, parlant du siège de l’ONU à New York, que « cet édifice doit être rasé de la surface de la Terre. »
• Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, persona non grata.
• Les Forces de Défense d’Israël (FDI) ont délibérément visé les soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), blessant deux « casques bleus » sri-lankais.
Ce qu’il faut retenir :
• Israël n’a pas été créé par son peuple, mais par son armée.
• La première guerre israélo-arabe n’a pas été gagnée par les Israéliens, mais par les arabes de Transjordanie sous commandement britannique.
• En adhérant aux Nations unies, Israël s’était engagé à en respecter toutes ses résolutions, ce qu’il n’a jamais fait 229 fois.
• Après la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Iraq, le Yémen et l’Iran, le gouvernement Netanyahou a ouvert un huitième front, contre les Nations unies cette fois.
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