Pendant 11 (sic) ans, le destin de Bachar al Assad était écrit sur le mur, comme je l’avais prédit [1]. La longue durée du règne d’al-Assad et l’étonnante rapidité de la chute énigmatique de son armée, qui n’a opposé aucune résistance à l’avancée fulgurante des djihadistes islamiques d’Al-Qaïda/ISIS dirigés par Abu Mohammed al-Jolani, de son vrai nom Ahmed Hussein al-Shar’a, né à Riyad, en Arabie saoudite, ont été stupéfiantes.
En 2016, avais décortiqué la géopolitique du djihadisme mondial [2]. Al-Jolani est-il aujourd’hui le nouvel Oussama Ben Laden du djihadisme, qui, soit dit en passant, n’attaque jamais Israël, pour déstabiliser les frontières islamiques de la Russie et de la Chine dans le cadre du « schéma Brzezinski [3] » ?
Elon Musk, un proche de Trump, remarque sarcastiquement que « nos impôts financent en quelque sorte les deux camps (encore une fois) [4] », faisant référence à un article du Los Angeles Times selon lequel « en Syrie, les milices armées par le Pentagone combattent les milices armées par la CIA [5] ». Le compte-rendu du Wall Street Mav sur X pose la question suivante : lequel des groupes armés a gagné en Syrie : celui soutenu par la CIA ou celui soutenu par le Pentagone ? Ou bien le groupe soutenu par l’Arabie saoudite ou ISIS ?
La Syrie est passée de Guatemala en Guatepire : du népotisme de 54 ans de la secte alaouite (10 à 13 % de la population multiethnique et multireligieuse totale) à la terrorismocratie involutive de la transmutation Al Qaeda/ISIS/Al Nusra avec sa ramification embryonnaire HTS – alliée aux Talibans en Afghanistan et aux fondamentalistes palestiniens sunnites du Hamas (megassic !) : une ramification des « Frères Musulmans », qui ont célébré sans retenue la chute d’Al Assad.
Il existe de nombreuses approches locales, régionales et mondiales de la chute dramatique de la Syrie : de sa désintégration en cours à sa balkanisation probable avec trois conséquences très incontestables : 1) l’expansion du Grand Israël paléobiblique qui a déjà envahi les villages de la secte druze, dont l’armée se trouve à 20 kilomètres de Damas, alors que le ministre des finances kahaniste Bezalel Smotrich exige l’occupation de la capitale syrienne ; 2) la ré-otomanisation sunnite ; et 3) la dé-iranisation chiite.
Il est intéressant de noter que Smotrich était un colon des hauteurs du Golan annexé, alors que le père d’al-Jolani y est également né : coïncidences malicieuses de leur destin eschatologique ?
Les accords secrets Sykes-Picot de 1916 – le partage du Moyen-Orient entre la Grande-Bretagne et la France, avec l’accord de la Russie et de l’Italie de l’époque – avaient précédé d’un an la déclaration Balfour dans sa lettre au banquier Rothschild pour la création d’un foyer juif dans la Palestine britannique désottomisée.
Existe-t-il aujourd’hui un partage similaire du succulent gâteau syrien où deux superpuissances mondiales, la Russie et les États-Unis, détiennent des bases militaires et où trois autres puissances régionales, Israël/Turquie/Iran, maintiennent, l’une avançant, l’autre reculant, des présences militaires notables ? Depuis le début de la guerre civile syrienne, Al Assad – avant l’attaque foudroyante des djihadistes sponsorisés par la Turquie, les États-Unis (le Pentagone/la CIA) et Israël – ne contrôlait que 20 % du territoire, alors que les États-Unis et leurs alliés kurdes syriens dominent désormais la région du pétrole et du blé (près de 40 % !) d’un pays qui est déjà démembré [6]. La connectivité du Grand Israël avec les Kurdes et les États-Unis (ce qui ressemble à un pléonasme) les place de facto sur la frontière sensible avec l’Irak et près des frontières de l’Iran.
De nombreuses batailles intestines et fratricides auront-elles lieu, dont la plus féroce entre la Turquie et les Kurdes syriens, alors qu’Ankara garde un pied dans l’OTAN et l’autre dans les BRICS+, qui définiront l’une des directions vectorielles du nouveau Moyen-Orient ? La désintégration du kaléidoscope syrien ne fait que commencer avec ses métastases concomitantes.