Les falsifications autour de l’attentat contre l’AMIA et la « piste des 3 États », par José Petrosino


J’ai commencé mon « enquête officieuse » sur les deux attentats de Buenos Aires au lendemain de l’attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA), le 18 juillet 1994. Jusque-là, j’avais cru à la version officielle sur l’attentat contre l’ambassade israélienne deux ans plus tôt, le 17 mars 1992 : « Ce sont les Arabes », disait-on, sans accorder trop d’attention à la question.

La répétition de l’explosion, 28 mois plus tard, plus sournoise et contre une cible entièrement argentine, m’a fortement frappé, car il était impensable qu’un tel drame, inédit dans le monde à l’époque, puisse se réitérer dans un même pays.

J’ai tout de suite pensé qu’il était impossible pour « les Arabes » de nuire à leurs ennemis sionistes, en étant aussi cruels envers un pays ami, il y en a prés de 200 autres dans le monde, qu’ils pouvaient avoir dans le collimateur et où il leur serait plus facile de mener des attaques qu’en Argentine, qui était pour eux un pays lointain dans tous les sens du terme.

À partir de là, j’étais certain que « quelque chose de différent » de ce qui était censé être adopté comme explication incontestable se cachait derrière les 2 « attentats ».

Presque instantanément, les gouvernements d’Israël et des États-Unis (comme cela s’était produit dans le cas de l’attaque contre l’ambassade) « affirmèrent » que l’Iran et le Hezbollah étaient leurs ennemis (comment l’avaient-ils su si rapidement et avec une telle certitude ?), et il était notoire qu’ils avaient réussi à imposer au « gouvernement » du faible Carlos Menem [1] cette « hypothèse » qui servait leurs intérêts, comme la seule piste à suivre, à l’exclusion de tout autre. C’est le début d’une dissimulation complice, et criante, qui s’est poursuivie sans problème jusqu’à présent.

Dans le même temps, les « accusés » (à tort), l’Iran et le Hezbollah, condamnaient « l’attentat » et niaient catégoriquement avoir le moindre lien avec celui-ci, ce qu’ils ont toujours soutenu [2]

Début 1995, j’ai acquis la certitude absolue de l’inexistence de la voiture piégée (la « marque » musulmane des attentats [3]), « certitude » qui avait été imposée par les « sauveteurs israéliens » (jusqu’à leur arrivée le 19 juillet 1994 dans la nuit, tous les experts consultés par les médias avaient affirmé que l’explosion avait été interne) et que de faux indices avaient été placés à des endroits choisis pour faire paraître véridique l’histoire de la voiture piégée.

Ce qui m’a conduit à la conclusion que nous étions en présence « d’attentats d’État » et que, puisqu’il ne s’agissait pas de musulmans, il était bien plus raisonnable de supposer que les menteurs et falsificateurs étaient les ennemis des « Arabes » et ceux qui les avaient accusés instantanément.

Ces considérations et l’eau qui a coulé sous les ponts depuis, confirmant que l’étouffement de l’enquête relevait d’une certaine « raison d’État » (immuable) pour les six « gouvernements » argentins qui se sont succédé, nous ont conduits, moi et un groupe d’amis qui travaillons ensemble sur le sujet depuis 2002, à élargir notre recherche dans tous ses aspects : historique, contexte international, matérialité des faits, « noms », imputations et conséquences, un ensemble que nous avons appelé : « la piste des 3 États » (Israël et/ou les USA : les auteurs, les bénéficiaires, et la part nationale dans une complicité forcée).

Examinons brièvement chacun de ces points :

Les antécédents

Les États-Unis ont eu recours à plusieurs reprises dans le passé à des opérations dites « sous fausse bannière » pour lancer des stratégies conçues en amont.

Sont reconnues comme telles : l’explosion du cuirassé Maine dans le port de La Havane en 1898 pour déloger l’Espagne de son empire d’Amérique ; le naufrage du Lusitania pour s’engager dans la Première Guerre mondiale ; le harcèlement de l’Empire japonais en 1941 par un embargo pétrolier total qui ne leur laissait d’autre issue qu’une « attaque surprise » sur Pearl Harbor et un « laissez-faire » des Yankees pour justifier leur entrée dans la Seconde Guerre mondiale ; l’« incident » du Golfe du Tonkin qui a entraîné l’invasion du Vietnam en 1964 ; et l’attentat le plus récent, bien que toujours controversé, celui du 11 septembre qui a permis l’invasion de l’Asie centrale [4]. Israël a également mis en œuvre ce type « d’opérations ». Celle qui a eu la plus grande diffusion publique a été « l’affaire Lavon » en Égypte en 1954.

Le contexte international

L’événement déterminant (« la charnière historique »), qui a considérablement perturbé les relations internationales, a été l’implosion inattendue de l’URSS en 1990, concomitante avec l’inauguration de la présidence de Carlos Menem en pleine crise hyper inflationniste de la fin du règne de Raúl Alfonsin (1983-1989) [5], ce qui mettait le pays dans une situation d’extrême faiblesse.

Entre autres choses, cela a provoqué un changement dans la position de l’Empire yankee, qui est soudain devenu le seul sur toute la terre à faire face à l’Iran des Ayatollahs. Ceux-ci sont passés du statut « d’ennemi de l’ennemi » à nouvel « ennemi » (unique), car l’Empire s’est retrouvé sans aucun ennemi majeur en vue.

Les relations entre l’Argentine et l’Iran ont évidemment été affectées par ce changement sur la scène mondiale.

Durant les années 80 et parce que cela était fonctionnel pour les Yankees, nous, les Argentins, avions été les fournisseurs privilégiés d’armes de l’Iran, pour faire face à la guerre d’usure qu’ils lui avaient imposée à travers leur fantoche Saddam Hussein [6], et nos relations avec l’Iran, traditionnellement très bonnes, étaient devenues encore plus étroites.

L’Iran a alors commencé à développer une stratégie d’insertion dans la région en utilisant l’Argentine comme plate-forme (stratégie qui plus tard, après avoir « perdu » l’Argentine à cause des fausses accusations « d’attentats », a dû redémarrer au Venezuela) [7].

Cela, le criminel stipendié et infâme traître à la patrie, le procureur Alfredo Nisman, faisant fi du bon sens le plus élémentaire et de la saine critique, prétendait l’utiliser dans son ridicule dossier d’accusation (exagérément gonflé) comme précédent utile à l’Iran pour commettre les « attentats », alléguant que ceux-ci s’étaient produits parce que « l’Iran voulait répandre la révolution islamique en Argentine » [8].

C’est le contraire qui est vrai : dans la mesure où ils cherchaient justement à s’implanter, la dernière chose qu’ils auraient faite aurait été de bombarder sans discernement la capitale du pays où ils essayaient de développer cette stratégie d’insertion. Cela reviendrait aujourd’hui à bombarder Caracas deux fois en 28 mois.

Le « mobile » d’Israël et/ou des États-Unis et le « non mobile » de l’Iran

Carlos Menem, pour rester au pouvoir, s’était entièrement aligné sur la politique de l’Empire (il n’avait pas le choix), mais avait refusé de rompre avec les Iraniens comme l’exigeaient les nouvelles stratégies des États-Unis, et les relations ont continué à se renforcer au cours des années 1990 et 1991.

Il agissait probablement ainsi en raison des rétrocommissions juteuses que lui et ses acolytes recevaient pour les armes que les Perses achetaient pour les Musulmans bosniaques (ladite « contrebande d’armes à destination de la Croatie et de l’Équateur ») [9].

En décembre 1991 (trois mois seulement avant l’attaque à l’ambassade israélienne), un événement révélateur s’est produit : un navire chargé dans le port de Campana de pièces d’un réacteur expérimental destinées à l’Iran, dans le cadre d’un contrat que le président Raúl Alfonsin avait signé lorsque les relations avec l’Iran étaient fonctionnelles pour les Yankees, avait été empêché d’appareiller et ces contrats furent suspendus. Mais ils n’ont pas été annulés et une négociation a été entamée qui s’est terminée en 1996 (une autre preuve que l’Iran ne pouvait pas être le poseur des bombes).

Cette suspension « au port » avait manifestement été décidée à la dernière minute et sous une pression extrême. Mais elle n’a peut-être pas empêché l’explosion à l’ambassade israélienne, projet qui était déjà en cours de réalisation.

Une fois que cela s’est produit, Israël et les États-Unis ont immédiatement accusé le Hezbollah et l’Iran de manière concluante et exclusive. L’enquête a été abandonnée avec l’assentiment d’Israël, le commissaire Bisordi ayant été licencié (et promu) juste à la fin de la première année pour ses prétentions d’enquêteur.

Mais les relations avec l’Iran n’ont pas été affectées par les fausses accusations, elles se sont même renforcées. Il s’agit là d’un fait crucial et facilement vérifiable, qui exclut totalement l’Iran et fournit un motif clair à ses ennemis, Israël et les États-Unis, pour agir de la sorte.

En 1993, après l’explosion à l’ambassade et avant celle de l’AMIA, l’Argentine a livré à l’Iran une cargaison d’Uranium 235, enrichi à 20 %, pour son réacteur d’isotopes médicaux. Une raison supplémentaire, et non des moindres, pour l’Iran de conclure un bon accord avec l’Argentine.

C’est pourquoi cette information clé a été dissimulée par le criminel procureur Alberto Nisman. Elle a été connue parce qu’il y a deux ans, les Iraniens avaient épuisé leurs stocks de ce produit et qu’un conflit international a éclaté au sujet de leur approvisionnement ; c’est alors qu’ils ont déclaré : « que l’Uranium 235, enrichi à 20 %, qu’ils avaient épuisé leur avait été fourni par les Argentins en 1993 ».

Face à l’« entêtement » de Carlos Menem pour maintenir ces bonnes relations, le « deuxième avertissement » de l’AMIA est arrivé, beaucoup plus sanglant et s’abattant cette fois-ci sur une cible totalement argentine, ce qui impliquait que le prochain « message », si nécessaire, viserait le siège du gouvernement, et avec le président Menem dans les locaux.

Il n’y a pas eu besoin d’un « troisième attentat », Carlos Menem a pris l’initiative et après avoir parlé à l’envoyé « secret » du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, Dov Schomorak, qui était arrivé d’Israël dans la nuit du 19 juillet 1994, incognito au milieu des « sauveteurs » israéliens, il a prononcé l’une de ses célèbres phrases : « Il existe des preuves semi complètes de l’implication de l’Iran dans l’attentat de l’AMIA ». Après quoi, bien sûr, il n’y a pas eu d’autres « bombardements ».

Cette visite, qui avait été tenue secrète, a été révélée par le journaliste Horacio Verbitsky dans le quotidien Página12 pour l’anniversaire de 2004 [10]

Cependant, le journaliste attribue la dissimulation de l’injonction israélienne au fait que certains voulaient protéger les Syriens, qui pour lui (et en raison de sa loyauté envers le judaïsme) étaient les vrais coupables, en lieu et place de l’Iran.

Cette absurdité est également soutenue par de nombreux Juifs et leurs acolytes qui rejettent d’emblée la simple possibilité qu’Israël ait pu être impliqué non seulement dans la dissimulation, mais aussi directement dans la perpétration effective du crime.

Le livre publié la semaine dernière par Horacio Lutzky, Brindando sobre los escombros (« Trinquer sur les décombres » [11] va dans ce sens [12].

La matérialité de l’événement

Elle découle du fait que l’explosion a été interne et de l’existence d’ostensibles fausses pistes plantées là pour imposer l’idée fausse d’une voiture piégée.

À cet égard, voir le très bon documentaire du journaliste d’investigation Carlos de Napoli produit par la chaîne History Channel ; c’est éclairant ; il a été réalisé pour l’anniversaire de 2009, il a été brièvement vu puis caché parce qu’il expose précisément la fausseté de l’attentat à la voiture piégée. Il a été mis en ligne sur YouTube en mars dernier et retiré depuis.

Les témoignages et les arguments d’experts entendus lors de l’audience ont permis de conclure que l’explosion avait été interne. Cependant le tribunal TOF3 (Tribunal Oral Federal n° 3), sous la pression, maintenait la fausse hypothèse du juge d’instruction, Juan José Galeano, celle de la voiture piégée. C’était le minimum minimorum auquel les sionistes se devaient d’adhérer. Mais cela laissait des incohérences insurmontables à élucider pour l’enquêteur qui succèderait à Galeano.

Bien entendu, le successeur, Alberto Nisman, n’a rien élucidé (et n’aurait jamais pu le faire puisque la voiture piégée n’existait pas) et ces incohérences subsistent. Le prochain nouveau procès de Carlos Telleldin [revendeur de voitures payé pour faire des « aveux » mensongers] ouvre la possibilité de démolir ce mensonge.

Les explosifs ont été apportés des bâtiments voisins le samedi ou le dimanche, lorsque le bâtiment de l’AMIA était vide (ce qui explique que l’explosion ait eu lieu un lundi à 9 h 50).

Et ils ont été discrètement disposés de manière à simuler « une explosion devant la porte ». Ce qui avait été mal réalisé à l’ambassade, puisque le « paumé » José Luis Manzano avait dû faire creuser un faux cratère dans la rue.

Ils ont donc placé des explosifs (de l’Amonal) ainsi que des pièces de camionnette Renault Trafic parmi les sacs de gravats qui se trouvaient dans le hall près de la porte (résultat d’un nettoyage du rez-de-chaussée effectué le samedi en attendant qu’un camion-benne vienne les enlever le lundi matin), avec un mécanisme qui les faisait exploser lorsqu’ils étaient déplacés (c’est pourquoi l’explosion s’est produite quelques minutes après l’arrivée du camion-benne, lorsque les ouvriers ont déplacé les gravats pour commencer à les charger).

Ils ont également fait exploser les colonnes frontales près de la porte avec du TNT, qui a explosé en résonance avec l’Amonal contenu dans les décombres (c’est pourquoi de nombreux témoins ont entendu 2 explosions très proches l’une de l’autre). Ces deux explosions excluent totalement l’hypothèse de la voiture piégée.

Les noms

Nous avons pu identifier certains membres des commandos israéliens qui ont dû être impliqués.

 Rafael Eldad : ancien attaché culturel (1990-1994) et ancien ambassadeur (2004-2008).

Son profil n’était pas celui d’une personnalité du monde de la culture, ni rien de ce genre, mais celui d’un homme de terrain au caractère bien trempé.

Il avait quitté l’ambassade quelques minutes avant l’explosion de 1992 pour se rendre à l’AMIA et il s’y trouvait le matin fatidique du 18 juillet, bâtiment qu’il avait également quitté peu avant l’explosion de 1994.

Pourquoi s’est-il rendu à l’AMIA le 18 juillet et pourquoi en est-il parti avant l’arrivée des dirigeants de l’AMIA/DAIA, qui se trouvaient dans un café voisin et se sont approchés du bâtiment lorsqu’ils ont entendu l’explosion ?

Certaines déclarations qu’il fit en tant qu’ambassadeur et certains lapsus dans ses déclarations indiquent que cette visite était liée à l’« attentat à la bombe ».

Il est redevenu ambassadeur en août 2004, alors que la dissimulation était à son comble : l’arrêt du TOF3 était imminent, et l’on savait qu’il annulerait l’enquête du juge d’instruction Galeano et peut-être, d’après ce qui a été vu lors des auditions, réfuterait l’hypothèse de la fausse voiture piégée (la solennité n’a finalement pas eu lieu, et peut-être Eldad a-t-il quelque chose à voir avec le fait qu’elle n’ait pas eu lieu).

Rafael Eldad a renversé la situation, sauvé la fausse voiture piégée et réussi à obtenir qu’un de leurs piliers, l’ineffable Alberto Nisman, qu’ils ont utilisé à fond jusqu’à présent, prenne la tête de l’opération de dissimulation à la place de Juan José Galeano, tombé en disgrâce.

 Ronie Gornie : ancien chef de la surveillance de l’ambassade et membre du Shin Bet. Il a quitté l’ambassade quelques minutes avant l’explosion de 1992, après que le garde à la porte d’entrée lui a dit qu’il partait parce que c’était la fin de son service, et que son remplaçant n’était pas arrivé.

Peu après, à la tombée de la nuit du même 17 mars 1992, il s’est rendu au 15e commissariat chargé de l’enquête sur l’attentat, où l’on avait déjà comme hypothèse de travail « l’explosion interne », grâce à une « expertise » réalisée par des pompiers envoyés spécialement par Carlos Menem lorsqu’il avait été informé de l’explosion : « pour déterminer l’épicentre de l’explosion » et, sur la base de cette détermination préliminaire, on avait demandé l’arrestation de ceux qui avaient déchargé du matériel le matin.

Et Ronie Gornie leur a demandé d’abandonner cette hypothèse, car lui, qui avait une grande expérience des attentats, « savait » qu’une voiture piégée avait été utilisée !!!

Dès lors, on ne parle plus d’explosion interne et la Police fédérale se consacre à la mise en place de fausses preuves pour implanter la fable de la voiture piégée.

Cette nuit-là, au siège du gouvernement, le ministre de l’intérieur José Luis Manzano déclare aux journalistes : « On a trouvé le cratère de l’explosion dans la rue devant la porte de l’ambassade ».

C’était faux : le lendemain, des centaines de journalistes sont arrivés à la recherche du « cratère », mais ne l’ont trouvé nulle part. Le samedi 21, ils ne l’avaient toujours pas trouvé. Le prestigieux quotidien La Nación l’a dit dans un article ce jour-là et le lendemain, le dimanche 22, il l’a réaffirmé dans un autre article en disant : « qu’aucun des 12 journalistes de La Nación postés dans la zone de l’attentat n’avait pu trouver le cratère annoncé par Manzano le mardi soir ».

La semaine suivante, ce sont des agents de la police fédérale qui ont creusé un trou à l’aide de pioches et de pelles, qui est devenu depuis lors : « le cratère de l’explosion ».

 Aharon Edry : ancien militaire israélien et ancien membre de la police israélienne, 3 mois avant l’attaque à la bombe contre l’AMIA, il avait été nommé intendant. Un poste qui n’existait pas jusqu’alors, juste au moment où l’« attentat » a dû commencer à être planifié.

Il n’a pas reçu une égratignure lors de l’explosion. Selon lui, il se trouvait au fond du deuxième étage et a aidé les personnes qui s’y trouvaient à sortir par le pont qui reliait l’AMIA au fond de la synagogue de la rue Uriburu, « qui n’avait été construite que récemment » et de sa propre initiative, car elle n’avait pas été prévue dans les travaux de rénovation récents.

Il a fait des déclarations rocambolesques dans les médias sur « la façon dont il s’était sauvé et avait aidé les autres », mais aucun des survivants du 2ème étage ne se souvient de lui.

 Joseph Bodansky : ancien membre des services de Renseignement de l’armée israélienne appartenant à la droite israélienne la plus récalcitrante, le Likoud, en poste à Washington et ayant des liens étroits avec le groupe des néoconservateurs [13] qui, plus tard, en 2001, accéderait au gouvernement yankee avec George Bush Jr.

Plus qu’un nom dans l’attentat contre l’AMIA, Bodansky est « le chaînon manquant » entre cet attentat et d’autres, attribués au « terrorisme international ».

En 1994, il était conseiller du bloc républicain au Sénat états-unien dans le domaine du contre-terrorisme ; trois semaines après l’attentat, un de ses rapports est apparu dans le dossier, décrivant en détail les auteurs et la mécanique de l’attentat, selon la fausse accusation d’Israël et des USA envers l’Iran/Hezbollah, à laquelle il ajoutait le gouvernement syrien.

Bien entendu, il ne fournissait aucune preuve vérifiable pour étayer une élucidation aussi rapide et complète.

En 2000, alors que la dissimulation était menacée par le changement de gouvernement, il est revenu incognito en Argentine pour rencontrer secrètement des membres de la Commission bicamérale, qu’il a « alertés » sur la possibilité d’un troisième attentat à la bombe, qui, selon lui, pourrait viser « une cible non juive, y compris des enfants ». Cela a provoqué une grande consternation parmi ses interlocuteurs parlementaires (selon le journal Rio Negro, le seul média à avoir rapporté la visite).

La suite

Après que le président Menem eut faussement accusé les Perses, il n’y eut plus d’attentats et les relations de l’Argentine avec l’Iran se détériorèrent. Les relations diplomatiques ont été réduites au niveau des chargés d’affaires dans les deux pays, et les relations commerciales ont été maintenues, bien qu’à un niveau inférieur à celui d’avant l’opération AMIA.

En 1996, les négociations sur le contrat qui avait été suspendu au port de Campana en décembre 1991 ont été finalisées, l’Argentine offrant une compensation pour le petit réacteur expérimental qui n’avait pas été livré et complétant ce qui était en suspens.

En 1998, grâce au banquier véreux Rubén Beraja, le transfuge iranien Abu al-Qasim Mesbahi apparaît dans l’affaire, un accusateur invétéré du gouvernement de son pays. Galeano lui a accordé du crédit et l’a fait connaître dans les médias, ce à quoi les Iraniens ont réagi en réduisant leurs achats à zéro.

Lorsque le président Fernando de la Rúa [14] est entré en fonction, ils ont profité de la situation pour relancer les échanges, qui ont augmenté, avec des hauts et des bas, jusqu’à ce que l’Iran devienne le deuxième acheteur d’huile de soja argentine, au détriment de l’Inde.

La politique des Iraniens a consisté à « avaler » les fausses accusations comme des gentlemen anglais, tout en déployant une diplomatie fine et persistante pour que leurs ennemis ne parviennent pas à atteindre l’objectif des bombes, à savoir une rupture totale des relations avec l’Argentine.

Leurs efforts ont été couronnés l’année dernière lorsqu’en septembre, dans son discours à l’Onu, la présidente Cristina Fernández de Kirchner [15] a accepté leur proposition de négociations de gouvernement à gouvernement pour résoudre la question des fausses accusations contre leurs fonctionnaires, proposition que les Perses avaient rendue publique à l’occasion de l’anniversaire de l’année dernière.

Demain 18 juillet, nous aurons, au festival de l’hypocrisie installé sur la scène théâtrale ad-hoc de la rue Pasteur, l’ultime manifestation de l’ignominie : la dissimulation de ce qui s’est passé à l’AMIA. Comme chaque année, les imposteurs « parents de victimes » seront là, accusant le gouvernement argentin de la dissimulation qu’eux et les fonctionnaires en place ont favorisée, supportant « stoïquement » ces critiques, et ils répondront, imperturbables « que maintenant, oui, il va y avoir une enquête sérieuse et jusqu’aux dernières conséquences » ; puis tout restera en l’état jusqu’au 18 juillet de l’année prochaine. Avec la claque misérable des merdi-médias et de leurs merdi-journalistes qui couvriront les agapes des huiles.

« Aucun malheur ne dure 100 ans », dit-on en espagnol. Celui que le sionisme inflige à l’Argentine semble en passe d’être l’exception.

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