La pire des bombes, c’est votre silence !

Gaza 2050, on y cultivera les plus douces des oranges, sans aucune acidité et le jus rafraîchissant. Comme pour les oranges de Jaffa, ce n’est pas l’expertise des Juifs dans le domaine de l’agrumiculture qui fera la différence. Ce sera le fruit de cette terre misérable rendue fertile par le sang des milliers d’enfants Gazaouis broyés par les « puissants » de ce monde. À quelques heures de l’invasion terrestre de Gaza, je vous propose l’entretien très bref de mon confrère et ami Zaki Abul Halaweh, responsable de rédaction chez le quotidien Palestinien Al Quds.– Rajen Valayden

Pourriez-vous nous décrire la situation dans la bande de Gaza ?
Alors que le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’attelle aux derniers préparatifs de la mise en œuvre de son plan pour “rayer de la carte” la bande de Gaza, le sort des Gazaouis et de l’ensemble du peuple palestinien suscite une profonde inquiétude. Évacuer plus de 2 millions de civils en si peu de temps est une tâche pratiquement impossible et périlleuse. Après des années de blocus, avec des ressources limitées, des conditions de vie précaires et des bombardements interminables, cet ordre d’évacuation forcée amplifie la peur, la souffrance, entraînant au passage une catastrophe humanitaire sans précédent. Ce qui se passe actuellement est inhumain, et je peux vous dire que la bombe la plus assourdissante et qui nous transperce le cœur, c’est le silence de gens à travers le monde et ceux qui pensent que nous sommes des animaux n’ayant aucun droit de vivre sur cette planète. Les Palestiniens croient fermement en leur droit de vivre sur leur terre ancestrale sans être constamment menacés de déplacement ou de violence.

En parlant de « silence », qu’en pensent les Palestiniens de cette nouvelle alliance Israélo-Saoudienne ?
La création d’une alliance étroite entre Israël et l’Arabie Saoudite est perçue par les Palestiniens comme une trahison de la solidarité. De nombreux Palestiniens se sont historiquement tournés vers les nations arabes et à majorité musulmane pour obtenir un soutien et une unité dans leur lutte pour l’autodétermination et la reconnaissance de leurs droits. L’alliance israélo-saoudienne sape cet espoir d’une position unifiée contre l’occupation et les injustices subies par les Palestiniens. Elle mine la confiance et approfondit les sentiments d’abandon, amplifiant l’isolement que les Palestiniens ressentent souvent sur la scène géopolitique.

Faites-vous confiance à l’Occident et à ses organisations internationales ?
Les hostilités en cours, en particulier l’usage disproportionné de la force à Gaza, contribuent à un profond scepticisme parmi les Palestiniens quant à l’équité et à la cohérence de l’Occident et des organisations internationales, y compris les Nations Unies. Les comparaisons des réactions à divers conflits, comme les réponses différenciées entre la situation en Ukraine et le conflit prolongé en Palestine, mettent en lumière cette politique de deux poids deux mesures et l’hypocrisie de la communauté internationale. Les Palestiniens aspirent à une approche juste et impartiale qui reconnaisse et aborde leurs luttes, leurs aspirations et l’impact durable du conflit sur leur vie quotidienne. Si les Nations Unies se respectent, qu’ils renoncent à céder aux caprices d’Israël en appliquant les résolutions qu’ils ont eux-mêmes entérinées.

Êtes-vous toujours capable d’espérer à des jours meilleurs ?
Malgré la violence implacable, la perte de vies innocentes et la destruction des infrastructures à Gaza, les Palestiniens continuent de nourrir l’espoir d’un avenir meilleur, notamment pour leurs enfants. Ils imaginent un moment où leurs enfants pourront grandir dans un environnement paisible, à l’abri des ravages de la guerre et de l’occupation. Cet espoir repose sur la croyance qu’un règlement de paix juste et global finira par être atteint, offrant aux Palestiniens l’opportunité de reconstruire leur vie, de jouir de leurs droits et d’offrir un avenir plus radieux aux générations à venir. L’escalade actuelle de la violence souligne le besoin urgent d’un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi qu’un engagement sincère de toutes les parties impliquées à travailler en faveur d’une paix juste et durable qui aborde les causes profondes du conflit et assure les droits et le bien-être tant des Palestiniens que des Israéliens. De toute évidence, « L’espoir » c’est tout ce qui nous reste.

 

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