Une phase I démontrant la faisabilité agronomique et alimentaire du scénario TYFA, un scénario de transition agroécologique pour l’Europe
Dans une première phase, achevée en 2018, le scénario développé par TYFA, Ten Years For Agroecology montre qu’une Europe entièrement agroécologique, affranchie des intrants de synthèses et reposant sur un redéploiement des prairies naturelles et sur une extension des infrastructures agroécologiques (haies, arbres, mares, habitats pierreux), pourrait nourrir durablement 530 millions d’Européens en 2050. Une généralisation de l’agroécologie conduirait également à une réduction des émissions de GES du secteur agricole de 40 % par rapport à 2010 et permettrait de reconquérir la biodiversité et de conserver les ressources naturelles.
Une phase II pour identifier et mieux comprendre les impacts d’un tel scénario
Si la modélisation agronomique constitue une étape importante pour contribuer au débat sur l’agriculture que les Européens désirent, une généralisation de l’agroécologie s’accompagnerait par de profonds changements qu’il est nécessaire de comprendre. Par exemple un tel scénario entrainerait une baisse sensible de la production, en particulier animale (- 30 % sur la production végétale, – 45 % sur la production animale). Quelles conséquences sociales et économiques pour les producteurs et les consommateurs ? Quelles filières développer pour remplacer le soja jusqu’ici importé ?…
C’est tout l’enjeu de la phase II du projet TYFA à laquelle la Fondation Terre Solidaire apporte son soutien.
Trois axes d’approfondissement ont été lancés depuis 2019 pour durer jusqu’à 2022 :
• Une analyse plus poussée de la dimension agronomique / biophysique (régionalisation, phosphore, irrigation);
• Une évaluation des principales implications économiques du scénario côté production (revenus du producteur) comme consommation (coûts pour le consommateur), et des effets sur l’emploi de la ferme à la fourchette, compte tenu notamment des réorganisations des filières de production induites par un tel scénario (moins de protéines animales, plus de protéines végétales, etc.) ;
• Une identification des leviers économiques et politiques de la transition, incluant en particulier les politiques commerciales, agricoles, environnementales / sanitaires et industrielles.
Les avancées 2021
La mutualisation des ressources avec d’autres travaux en cours a permis d’avancer sur la quasi-totalité des axes principaux de travail en 2020 et 2021.
Cinq axes ont été particulièrement au cœur des activités en 2021 :
– La publication d’un ouvrage chez Actes Sud, « Demain, une Europe agroécologique » fournissant une vision d’ensemble du scénario TYFA et en donnant accès à un large public.
– La finalisation de la régionalisation du modèle agronomique, qui s’est notamment traduite par la publication d’une déclinaison de TYFA pour le Royaume-Uni. Le travail de régionalisation a notamment permis de confirmer la robustesse du scénario sur le plan agronomique à l’échelle européenne, notamment du point de vue du bilan azote. Un document présentant les résultats de cette régionalisation au niveau agrégé Européen, et proposant des focus sur 3 ou 4 pays clés (dont la France) est en préparation et sera publié dans le courant de l’année 2022 ;
– La finalisation de la mise en perspective mondiale de TYFA, en partenariat avec l’INRAe, qui a donné lieu à la publication d’un rapport en juillet 2021 « Une Europe agroécologique à l’horizon 2050 : quel impact sur l’utilisation des terres, le commerce et la sécurité alimentaire mondiale ? »
– Des développements importants sur le volet économique, qui ont conduit à la publication d’un rapport spécifique sur les modalités de la transition juste du système alimentaire Français : « Vers une transition juste des systèmes alimentaires – Enjeux et leviers politiques pour la France » ;
– Une analyse fine des leviers politiques de la transition agroécologique, à la fois au niveau des politiques publiques à changer pour soutenir la transition ainsi que des acteurs avec lesquels travailler pour favoriser le changement politique envisagé.
L’année 2021 a permis de finaliser le travail engagé en 2020 sur les dynamiques politiques dans l’arène bruxelloises autour de la transition protéique. L’article issu de ce travail a été soumis à Environmental Science & Policy en septembre 2021 et devrait paraître dans le courant de l’année 2022.
En parallèle, un travail important a été lancé à l’échelle Européenne. En effet, la plupart des politiques publiques clés autour du système alimentaire étant Européenne, leur réforme nécessite en fait un rapport de force favorable aux Etats pro-transition au niveau du Conseil. Comprendre et intervenir en faveur d’une réelle transition agroécologique suppose ainsi d’identifier les positionnements des principaux états membres au Conseil, et les modalités de repositionnements. Six pays font donc l’objet d’une analyse spécifique sur le volet politiques publiques (outre la France) : l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, l’Italie et l’Irlande.
Les perspectives 2022
Pour 2022, le programme de travail se déploie dans quatre directions complémentaires :
– un approfondissement de l’analyse économique, en particulier dans le cas des filières viandes, dont la transformation est au cœur de la transition agroécologique ;
– un travail de mise en discussion étroite avec les acteurs économiques des différents secteurs des protéines, afin d’assurer des progrès importants dans la discussion publique ;
– une analyse détaillée du volet politiques publiques et du jeu d’acteurs qui est derrière, notamment pour tout ce qui concerne la production et la consommation de protéines animales.
– une « européanisation » de l’intervention, avec la mise en réseau du travail de l’Iddri avec trois autres Think Tanks travaillant à Bruxelles (IEEP) ; en Allemagne (Agora Food & Land Use) et en Espagne (Alimentta).
L’année 2022 devrait également voir la publication de trois études importantes :
– L’étude sur les modalités de la transition protéique ;
– L’étude sur la régionalisation de TYFA (dont la version sur la Grande Bretagne) ;
– L’étude sur l’impact climatique d’une transition agroécologique ;