L’alliance du MI6, de la CIA et des bandéristes, par Thierry Meyssan

Joachim Ribbentrop et Georges Bonnet signent l’Engagement franco-allemand de collaboration pacifique (1938).

Cet article fait suite à :

 1. « La Russie veut contraindre les USA à respecter la Charte des Nations unies », 4 janvier 2022.

 2. « Washington poursuit le plan de la RAND au Kazakhstan, puis en Transnistrie », 11 janvier 2022.

 3. « Washington refuse d’entendre la Russie et la Chine », 18 janvier 2022.

 4. « Washington et Londres, atteints de surdité », 1er février 2022.

 5. « Washington et Londres tentent de préserver leur domination sur l’Europe », 8 février 2022.

 6. « Deux interprétations de l’affaire ukrainienne », 15 février 2022.

 7. « Washington sonne l’hallali, tandis que ses alliés se retirent », 22 février 2022.

 8. « Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens », 5 mars 2022.

 9. « Une bande de drogués et de néo-nazis », 5 mars 2022.

 10 « Israël abasourdi par les néo-nazis ukrainiens », 8 mars 2022.

 11. « Ukraine : la grande manipulation », 22 mars 2022.

 12. « Le Nouvel Ordre Mondial que l’on prépare sous prétexte de guerre en Ukraine », 29 mars 2022.

 13 « La propagande de guerre change de forme », 5 avril 2022.

Le soutien des Occidentaux au nazisme (1933-1940)

Le soutien massif des États-Unis et de leurs alliés aux bandéristes ukrainiens contre la Russie est comparable au soutien du même camp aux débuts de l’Allemagne hitlérienne contre l’URSS. Souvenons-nous qu’absolument tous les États occidentaux sans exception ont cru, à un moment ou à un autre, que les nazis étaient la solution à la crise économique de 1929. Eux seuls semblaient proposer une alternative crédible au capitalisme. Bien sûr, presque tous ces gens changèrent d’avis lorsque le danger nazi se retourna contre eux.

 À titre d’exemple, rappelons que le ministre français des Affaires étrangères français, Georges Bonnet, enchanté par la politique juive du Reich, proposa à son homologue allemand, Joachim von Ribbentrop, de déporter les juifs français, polonais et allemands dans une lointaine colonie, à Madagascar [1]. Le même Georges Bonnet signa, le 6 décembre 1938, avec Joachim Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, l’Engagement franco-allemand de collaboration pacifique.

 Le Premier ministre britannique Neville Chamberlain organisa les Accords de Munich du 30 septembre 1938 qui liquidèrent la Tchécoslovaquie au profit du Reich [2] Tandis que le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Montagu Norman, vola 27 tonnes d’or tchécoslovaque pour aider au renforcement des armées nazies [3].

 Ou encore Prescot Bush, le père du président George H. Bush et le grand-père du président George W. Bush, investit en 1940 dans les usines du camp de prisonniers d’Auschwitz (qui ne se transforma qu’en 1942 en un camp d’extermination) [4].

Après la chute du nazisme, ces gens n’ont pas été jugés. Au contraire, on s’est efforcé de ressouder les rangs et d’oublier ces félonies. Prenons garde de ne pas reproduire les mêmes erreurs !

Radio Liberty à Munich. Stepan Bandera, le leader des collaborateur nazi ukrainiens, et Saïd Ramadan, l’héritier d’Hassan el-Banna à la tête des Frères musulmans, y travaillaient en même temps.

Le rôle des Ukrainiens durant la Guerre froide

Durant la Seconde Guerre mondiale, le théoricien du nazisme Alfred Rosenberg et ministre de l’Orient (Ostminister) confia au Letton Gerhard von Mende d’organiser le ralliement au führer Adolf Hitler des peuples de l’URSS. Ce faisant il imagina un modèle de manipulation des minorités qui fut repris, après la chute du IIIème Reich, par la CIA. Avec l’aide du grand mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, Von Mende créa des écoles de mollahs à Göttingen et à Dresde, fit nommer un grand mufti en Crimée et enrôla des régiments SS orientaux. Il fut aussi l’officier traitant du « nationaliste » ukrainien Stepan Bandera.

À Washington, les présidents Truman, puis Eisenhower décidèrent de mettre le paquet sur la guerre psychologique contre les Soviétiques. La CIA créa donc l’AmComLib (Comité américain pour la libération des peuples de l’URSS) qui géra Radio Liberté depuis Munich. Elle recycla Gerhard von Mende. C’est lui qui proposa d’établir une mosquée à Munich qui, en définitive, fut confiée à Saïd Ramadan (le gendre du fondateur de la Confrérie Hassan el-Banna) [5]. C’est aussi lui qui régla les problèmes de Stepan Bandera et le recycla au MI6 et à la CIA [6].

Division SS Das Reich

L’ancien adjoint de Stepan Bandera et Premier ministre ukrainien imposé par les nazis, Iaroslav Stetsko, était sur instruction du IIIème Reich, un des fondateur du Bloc des nations anti-bolchéviques (ABN) durant la Seconde Guerre mondiale. Il perpétua l’ABN durant la Guerre froide, cette fois pour les États-Unis. À ce titre, il devint un des piliers de la Ligue anticommuniste mondiale (WACL) constituée par la CIA [7].

ABN

Le siège de l’ABN est installé à Munich d’où Stepan Bandera et Iaroslav Stetsko dirigent des opérations de sabotage en URSS. Le président de l’ABN est le Danois Ole Bjørn Kraft, ancien président du Conseil de l’Atlantique Nord (l’autorité civile qui commande les forces alliées). Plusieurs opérations furent planifiées en collaboration avec la CIA et le MI6, c’est-à-dire sous la supervision de Frank Wisner (le grand-père par alliance de Nicolas Sarkozy) et de Kim Philby. Mais ce dernier trahit la Couronne et transmit des informations au KGB qui les fit échouer [8].

Régiment Azov

L’un des collaborateurs de Iaroslav Stetsko, Lev Dobriansky, devint ambassadeur des États-Unis aux Bahamas, tandis que sa fille Paula Dobriansky fut sous-secrétaire d’État pour la démocratie (sic) de l’administration George W. Bush. C’est Madame Dobriansky qui finança durant dix ans des études historiques visant à faire oublier que l’Holodomor, la grande famine qui toucha l’Ukraine en 1932-33, dévasta également la Russie et le Kazakhstan, et à faire croire qu’elle avait été décidée par Staline pour éliminer le peuple ukrainien. Ce mythe est manipulé par les bandéristes pour faire croire à une haine séculaire des Russes contre les Ukrainiens. Le Parlement européen l’a avalisé en 2008 [9]. Par la suite, Paula Dobriansky exerça de hautes fonctions à l’agence Reuters et travaille aujourd’hui à l’Atlantic Council. Elle était vice-présidente de la NED durant le putsch du Maïdan.

Cette campagne de communication du gouvernement ukrainien est fondée sur le mythe de l’Holodomor. Une déesse narre les crimes immémoriaux des Russes contre les Ukrainiens pour annoncer que la moisson est arrivée. Elle décapite alors un Russe comme les jihadistes décapitent les infidèles.

Le président Ronald Reagan et son vice-président George H. Bush reçoivent les bandériste, y compris Iaroslav Stetsko, en 1983 à la Maison-Blanche [10].


Bandera est assassiné par le KGB en 1955. Stetsko meurt en 1986. Les deux hommes sont enterrés au cimetière allemand de Walffriedhof.

Le président Eisenhower reçoit une délégation de la Confrérie des Frères musulmans à la Maison-Blanche, le 23 septembre 1953. L’organisation terroriste dispose désormais du soutien de la CIA.

Le soutien des Anglo-Saxons aux jihadistes

En 1979, le président états-unien Jimmy Carter autorisa l’« Opération cyclone ». Il s’agissait d’envoyer des jihadistes arabes, membres de la Confrérie des Frères musulmans, en Afghanistan pour lutter contre le gouvernement communiste. C’est à ce moment-là que cette petite organisation terroriste se transforma en véritable armée [11]. De fil en aiguille, on passa des guerres d’Afghanistan à celles de Yougoslavie et de Tchétchénie pour finir eavec Daesh en Iraq et en Syrie [12].

Durant quarante ans, tous les États membres de l’Otan ont été invités à fournir un « asile politique » aux jihadistes « persécutés » par les dictatures arabes. Au moins 17 États alliés ont participé à l’« opération Timber Sycamore » à l’approvisionnement en armes des jihadistes pour des milliards de dollars [13] Jusqu’au jour où ils ont menacé les Occidentaux. Prenons garde de ne pas reproduire les mêmes erreurs !

De jeunes Ukrainiens, membres de l’OUN-B (c’est-à-dire de l’Organisation des nationalistes ukrainiens tendance bandériste), suivent des cours de sabotage sur une base de l’Otan, en Estonie (2006). La formation s’est terminée par un hommage aux soldats allemands, estoniens et finlandais morts pour le IIIème Reich.

Le soutien des Occidentaux aux bandéristes ukrainiens, aux oustachis croates et aux néo-nazis baltes

Durant la Guerre froide, d’anciens spécialistes de la répression nazie furent intégrés par les États-Unis dans leur dispositif anti-soviétique. On se souvient par exemple du « boucher de Lyon », Klaus Barbie, devenu chef de la répression en Bolivie ou d’Aloïs Bruner devenu conseiller spécial du président syrien (avant le Baas) après avoir exterminé des juifs en Autriche, en Grèce et en France. Cependant, il semblait que cela eut cessé avec la dissolution de l’URSS.

Pourtant, des milices bandéristes, oustachies et nazies ont émergé dans l’espace public avec la dissolution du Pacte de Varsovie et les indépendances des États anciennement soviétiques. Elles ont obtenu le soutien des Anglo-Saxons au nom de la collaboration de leurs parents durant la Guerre froide. À titre d’exemples rappelons :

 En Bulgarie, une manifestation annuelle en souvenir du général Hristo Lukov se tient à Sofia depuis une quinzaine d’années [14].

 En Estonie, on a commencé en 2009 avec le retour des cendres du colonel SS Alfons Rebane (le « Rommel estonien »), puis par poser une plaque commémorative [15], chaque fois avec le soutien appuyé du président Toomas Hendrik Ilves (lui-même fonctionnaire US). Le ministre de la Défense, Urmas Reinsalu, s’est rendu en 2012 sur l’île de Saaremaa pour participer à une cérémonie de l’« Alliance des combattants pour la liberté de l’Estonie » (collaborateurs nazis) et féliciter d’anciens SS d’avoir « libéré la patrie » [16].

 En Lettonie, la présidente Vaira Vīķe-Freiberga (1999-2007) affirme que les « SS étaient des héros de la lutte antisoviétique ». Elle fait modifier les manuels scolaire d’histoire et autorise des manifestations en commémoration de ces « héros ». La Lettonie, dont un quart de la population est russe, a interdit l’usage du russe dans les écoles secondaires. En outre, avec l’Estonie, elle a construit en 2018 un mur sur sa frontière russe [17]

 En Bolivie, le MI6 s’est appuyé sur la communauté oustachie croate pour renverser le président Evo Morales, en 2019 [18]

Le 18 novembre 2020, la 3ème Commission de l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution sur la « Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée » (Nations Unies A/C.3/75/L.49). Tous les membres de l’Onu votaient “pour”, seuls les États-Unis et l’Ukraine votaient “contre”. Tous les membres de l’Otan et de l’Union européenne s’abstenaient.

L’agent stay-behind de l’Otan Dmitryo Yarosh.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

Le 8 mai 2007, à Ternopol (ouest de l’Ukraine), des groupuscules nazis et islamistes créèrent un « Front anti-impérialiste » afin de lutter ensemble contre la Russie. Des organisations de Lituanie, de Pologne, d’Ukraine et de Russie y participent, dont les séparatistes islamistes de Crimée, d’Adyguée, du Dagestan, d’Ingouchie, du Kabardino-Balkarie, du Karatchaïévo-Tcherkessie, d’Ossétie, de Tchétchénie. Ne pouvant s’y rendre du fait des sanctions internationales, Dokka Umarov, l’émir d’Itchkérie (Tchétchénie) considéré par les Nations unies comme membre d’Al-Qaïda, y fait lire sa contribution. Le Front est présidé par Dmytro Yarosh, qui partit se battre en Tchétchénie. Avec Andriy Biletsky, le « Führer blanc », il créa le Secteur droit qui fit la révolution de l’EuroMaïdan, puis le bataillon Azov. Depuis le 2 novembre 2021, il est conseiller du commandant en chef des armées ukrainiennes, le général Valerii Zaluzhnyi.


Le 7 avril 2022, le président Zelensky s’est exprimé devant le Parlement grec. Il a passé une courte vidéo durant son intervention. Un ukrainien d’origine grecque s’y est présenté comme membre du régiment Azov et a vanté le combat de sa faction contre les Russes.

Depuis la dissolution de l’URSS, l’Ukraine a ravivé ses vieux démons. Les manuels scolaire d’histoire ont été modifiés. Depuis trente ans, les enfants apprennent à l’école que leur pays n’a été indépendant que grâce aux nazis et qu’ils n’ont pas de gènes communs avec les Russes, cette race inférieure. Chaque année des dizaines de milliers d’enfants et d’adolescents suivent les « camps de vacances » des bandéristes comme le faisaient les Jeunesses hitlériennes. Ils y scandent leur slogan : « Gloire à l’Ukraine ! ». Ces jeunes gens, filles et garçons, trouvent aujourd’hui asile dans l’Union européenne. Demain, comme leurs alliés Frères musulmans, certains d’entre eux y commettront des attentats.

Cérémonie de l’Ordre secret Centuria. Des officiers allemands, états-uniens, britanniques, canadiens, français, polonais en font partie.

D’ores et déjà, les bandéristes recrutent des cadets en Allemagne, au Canada, en France, en Pologne, au Royaume-Uni et aux États-unis et désormais des officiers dans les académies militaires de ces pays. Pour cela, ils ont créé, en 2019, un Ordre secret, Centuria, qui diffuse leur idéologie. Cet ordre s’oppose aux procédures démocratiques et au suffrage universel. Ses membres récitent la « Prière des Nationalistes ukrainiens », rédigée par Josef Mashchak durant l’entre-deux-guerres. Ils arborent la Croix du Soleil danoise et multiplient les références à l’Ordre de Thulé dont les très haut dignitaires nazis faisaient partie. Les armées occidentales n’ont pas pris cette menace au sérieux. Cette idéologie, comme celle des Frères musulmans au Moyen-Orient, se répand comme une traînée de poudre.

La bête immonde est déjà là, parmi nous.

Comment pouvons-nous être aussi aveugles ?

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