Le mercredi 10 novembre 2021, dans le cadre de son nouveau cycle de conférences intitulé “Penser autrement la place de l’économie”, la Fondation Terre Solidaire a reçu Eloi Laurent, économiste, pour qui il est crucial d’articuler écologie, économie et social.
« Transformer radicalement notre façon de voir le monde économique n’est maintenant plus seulement une nécessité éthique ou morale mais une nécessité vitale pour l’espèce humaine »
Le rapport du GIEC paru en août 2021 met en lumière cette nécessité de transformation. Les scénarios retenus par les experts du GIEC en matière de trajectoire climatique affirment, du plus pessimiste au plus optimiste, qu’à horizon proche nous nous dirigeons vers +1,5° Celsius par rapport à la période préindustrielle. Cependant l’analyse de ces divers scénarios n’indique pas uniquement l’entrée inévitable dans une monde encore plus chaotique d’un point de vue climatique. C’est la perspective la plus optimiste et viable (une stabilisation des températures à hauteur de +1,5°) et ses conditions de réalisation qui intéresse ici Eloi Laurent. Afin de s’orienter vers cette voie, il apparait nécessaire de changer drastiquement notre modèle économique fondé sur la croissance et la productivité au profit d’un système économique fondé sur le bien-être humain et la justice sociale.
« Il faut se mettre en quête des sources véritable du bien-être humain, des bons indicateurs qui permettent de mesurer et des moyens de rendre ces indicateurs opératoires »
Pour Eloi Laurent il est nécessaire de délaisser les dimensions superficielles de l’activité économique, croissance ou compétitivité, pour revenir aux causes profondes et aux finalités véritables de l’économie : une coopération pour le bien-être civilisé. L’un des symptômes de cette conception de l’économie est l’utilisation du PIB comme indicateur qui permet de mesurer tous les problèmes et de justifier la recherche perpétuelle de l’augmentation de la croissance. Or, le PIB n’est pas par nature, un indicateur de bien-être. Il invisibilise les crises écologiques, l’état démocratique d’un pays ou encore les inégalités pour ne se concentrer que sur la valeur monétaire finale produite. Cette constatation pousse depuis plus d’un siècle à la construction d’indicateurs alternatifs. Certains sont tout à fait opérationnels et pertinents mais leur intégration aux politiques publiques et la place qui leur est donnée, malgré de très forts progrès ces dernières années, reste insuffisante.
« Sortir de la croissance pour aller vers quoi et pour aller vers quel projet alternatif ? »
Il faut trouver de nouveaux récits structurants pour l’économie afin de passer d’une spirale vicieuse d’autodestruction à une boucle vertueuse sociale-écologique. Cela consiste à interconnecter le cercle social et naturel afin de comprendre d’une part, que notre monde sera plus juste s’il est plus soutenable et plus soutenable s’il est plus juste, mais également que nous ne pouvons bénéficier de nos liens sociaux que si nous prenons soin de nos liens naturels. Pour ce faire, il faut substituer le concept de pleine santé sur une planète vivante au concept de plein emploi dans une société libre. Afin d’incarner ces nouvelles visions de l’économie, Eloi Laurent propose de remplacer l’Etat providence par un Etat social-écologique afin d’intégrer les préoccupations sociales au défi écologique.
Retrouvez l’intégralité de la rencontre avec Eloi Laurent sur la chaine YouTube de la Fondation Terre Solidaire :