GENÈVE (OIT Infos) – Les programmes de formation professionnelle et d’apprentissage ont subi de plein fouet les effets de la pandémie de COVID-19.
D’après une enquête réalisée auprès de plus de 1350 prestataires d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFPT) du monde entier, de nombreux pays et prestataires de formation n’étaient pas suffisamment préparés pour faire face aux contraintes imposées par la crise, même si certains se sont très vite tournés vers l’apprentissage à distance.
Une majorité de personnes interrogées font état de perturbations dans la formation, en particulier dans l’apprentissage en situation de travail, en raison de la fermeture d’entreprises, ainsi que de l’annulation d’examens d’évaluation et de certification des compétences.
Toutefois, depuis le début de la crise, des innovations en matière d’enseignement et d’apprentissage ont commencé à se faire jour: c’est ce qu’indique le rapport Skills development in the time of COVID-19: Taking stock of the initial responses in technical and vocational education and training (Développement des compétences en temps de COVID-19: Inventaire des réponses initiales dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels).
L’enquête a été menée entre le 5 avril et le 15 mai 2020 par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et la Banque mondiale, auprès de prestataires d’EFPT, de responsables politiques et de partenaires sociaux dans 126 pays.
L’EFPT fournit un enseignement et des formations à différents niveaux de compétences qui préparent à tout un éventail de possibilités d’emploi dans des domaines aussi variés que la plomberie, l’électricité, la vente, la comptabilité, la programmation et la banque. Du fait même qu’ils sont axés sur la pratique, ces programmes de formation posent des problèmes particuliers.
Au début de la pandémie, peu de pays et prestataires de formation disposaient d’équipements, d’une connectivité, de logiciels et plateformes d’apprentissage à distance ainsi que de ressources pédagogiques suffisants. En outre, la plupart des instructeurs et des étudiants n’avaient pas les compétences numériques nécessaires pour pouvoir adapter et utiliser les services d’EFPT.
Le passage à l’enseignement à distance a été un processus d’apprentissage sur le tas. Les exemples cités dans le rapport montrent que des possibilités d’apprentissage et d’évaluation flexibles ont été mises au point, qui vont des solutions de haute technologie aux options peu ou non technologiques.
Ces solutions englobent l’utilisation de plateformes en ligne, y compris les chaînes de télévision nationales, pour diffuser des connaissances pratiques dans un certain nombre de pays – notamment Madagascar, le Pakistan et la République démocratique du Congo –, ainsi que l’élaboration de guides d’apprentissage «à son propre rythme» et l’évaluation des compétences virtuelles. Dans certains pays, les étudiants ont tourné des vidéos ou pris des photos de travaux pratiques qu’ils avaient faits chez eux, puis les ont téléchargées sur des plateformes virtuelles.
Par ailleurs, de nouveaux partenariats public-privé ont été établis, par exemple pour fournir des équipements numériques aux enseignants et aux apprenants défavorisés.
Certains pays ont également adopté de nouvelles mesures pour faire en sorte que leur système d’EFPT soit mieux préparé à de futures crises.
Mais le rapport montre aussi que, si plus des deux tiers des prestataires d’EFPT disent dispenser, en cette période de pandémie, leurs formations uniquement par des méthodes à distance, très rares sont les pays à faible revenu qui ont pu opérer cette transition. Le rapport signale en outre que les problèmes d’accès liés aux modalités et aux infrastructures d’apprentissage en ligne risquent de laisser de côté les apprenants défavorisés, à moins que des mesures appropriées soient prises pour combler ce fossé numérique.
Les prestataires de formation, les décideurs et autres parties prenantes réalisent aujourd’hui l’importance de mettre en place des mesures pour améliorer la capacité d’adaptation et la préparation des systèmes de formation professionnelle, de sorte qu’ils puissent continuer à dispenser des formations lors de futures crises.