Face à la crise sanitaire du Covid-19 et le confinement qui en découle, tous nos partenaires ont dû s’adapter. Certains sont malheureusement complètement à l’arrêt, d’autres peuvent poursuivre une partie de leurs activités. Et pour la plupart d’entre eux, si c’est aussi une occasion pour avancer sur des sujets et dossiers de fonds, c’est aussi une période de fortes incertitudes qui peut remettre en cause la poursuite de leurs activités.
Les Petits Composteurs
Trois des quatre partenaires des Petits Composteurs sont des établissements scolaires, et sont donc fermés depuis la mi-mars. Ainsi la dernière collecte de compost auprès des partenaires de l’association a eu lieu le 16 mars dernier. Cette dernière collecte a permis de laisser les bacs propres afin d’éviter d’éventuels problèmes sanitaires. Depuis cette date, l’équipe est au chômage technique complet.
L’association était sur le point de finaliser deux partenariats avec des restaurants ce qui aurait permis d’élargir son champ d’action. Malheureusement en raison du contexte, ces partenariats n’ont pas abouti et sont compromis.
Quelques jours avant le confinement, l’association était également en cours de finalisation d’un recrutement d’une personne en insertion professionnelle pour assurer les collectes. Ce recrutement n’a pas pu être finalisé mais est reporté à la sortie du confinement.
L’association profite de ce temps pour travailler sur son dossier d’agrément sanitaire qui doit lui permettre de pour passer de 52 à 750 tonnes de compost par an.
Notre Affaire à Tous
Tous les événements, mobilisations et actions de communication prévus ou sur lesquels l’association était mobilisée ont été annulés. Juste avant que tout s’arrête physiquement, Notre Affaire à Tous a publié une étude juridique comparative sans précédent de la vigilance climatique de 25 multinationales françaises . L’objectif de la démarche étant d’établir la responsabilité des pollueurs en matière de climat afin de remédier au vide juridique concernant la non-application de l’Accord de Paris aux entreprises. L’association a pu également communiquer avec assez de succès sur le jour du dérèglement (avec ses partenaires de l’Affaire du Siècle) qui est le jour à partir duquel, la France a émis autant de CO2 qu’elle devra le faire en un an en 2050 selon ses engagements.
En revanche, il était aussi prévu de communiquer sur le signalement à l’autorité des marchés financiers de Total pour manquement à son devoir de vigilance mais cela sera fait seulement post-confinement.
L’association souhaitait également faire une campagne autour des municipales avec notamment 350.org et ses partenaires sur l’action en justice en cours contre Total (les ambitions climatiques de Total sont clairement en inadéquation avec la trajectoire 1,5°C, la seule réellement cohérente avec les objectifs de l’accord de Paris). pour que de nouvelles villes et collectivités rejoignent dans cette action. Enfin, un gros événement en préparation depuis fin 2019 et qui devait avoir lieu en juin a dû être repoussé à janvier 2021 : le tribunal des droits de la nature.
L’association profite aussi de cette période particulière pour avancer sur des aspects plus structurels comme l’évolution de son site internet et surtout pour réfléchir collectivement aux impacts de la crise sanitaire que l’on est en train de vivre, ce que cela implique pour notre société et notre organisation. Cela a renforcé l’importance de certains des axes de travail de Notre Affaire à Tous et notamment sur les inégalités sociales et climatiques. Sur ce point, l’association nous a d’ailleurs publié un numéro spécial de sa revue de presse IMPACTs, ici. Elle a aussi enclenché des réflexions en interne et au sein d’autres mouvements autour d’un plan de sortie de crise qui soit solidaire, écologique et préserve la biodiversité. Elle est en train de préparer un programme de formations en ligne autour du et certainement aussi des webinaires.
R-Urban
Une partie de l’équipe, chargée d’organiser des ateliers de co-construction et du travail de terrain avec les usagers R-Urban, est en grande partie en chômage technique
Une autre partie, plus axée sur la communication et le travail de la gouvernance avec les usagers R-Urban, a lancé une gazette hebdomadaire qui est de plus en plus rédigée avec les adhérents des deux Agrocités (Bagneux et Gennevilliers) : ils proposent des articles, des petits mots, des photos…
Deux groupes Whatsapp ont été créés pour les usagers qui ont plus de responsabilité dans la gestion des sites R-Urban. L’’idée est de préserver, voire même de renforcer les liens commencés autour des deux sites et des activités concrètes, s’informer, positiver…
L’association a sollicité les deux mairies, Bagneux et Gennevilliers, afin qu’un petit nombre d’usagers responsables de certaines activités puissent aller deux fois par semaine entretenir les sites (notamment les cultures et semis réalisés) mais pour l’instant cela n’est malheureusement pas possible.
Cette période est aussi l’occasion pour l’équipe de travailler sur des dossiers de financement et sur un projet concernant la “Vision du département Seine Saint Denis pour 2030“. Il s’agit d’un appel à projet pour lequel le Département a sélectionné trois équipes dont l’association fait partie avec des chercheurs du CNRS. A la veille de la préparation d’un « jour d’après » la crise sanitaire actuelle, le 93 pourrait fournir l’exemple d’un changement à l’échelle nationale, comme un territoire hautement symbolique et, en même temps, particulièrement propice à une réorientation sociétale vers un équilibre entre la ville et la nature, entre l’individuel et le collectif (et le bien commun), entre la performance et la solidarité, entre le local et la grande échelle, entre l’urgence et le long terme.
RENETA
Le Réseau National des Espaces-Tests Agricoles (RENETA) a dû réduire son activité suite à l’annulation de plusieurs temps de réunion du fait de l’impossibilité de se déplacer (Rencontres de l’Équinoxe, formations, accompagnements d’espaces-test…). Certaines de ces actions devaient être financées par des subventions et ne pourront donc pas être justifiées, malgré le temps passé en amont pour les préparer.
D’autres actions fonctionnent bien, voire mieux qu’avant le confinement, beaucoup de nos membres ayant plus de temps à consacrer aux activités du réseau, en particulier sur la recherche-action. Les groupes de travail se réunissent régulièrement en visioconférence.
Le RENETA a toujours bon espoir de pouvoir organiser ses Rencontres Nationales du 17 au 19 juin. Et l’automne devrait être chargé pour “rattraper” un peu du retard accumulé sur certains chantiers.
CIVAM 35
Pour le CIVAM 35, l’équipe poursuit l’accueil et l’accompagnement des porteurs de projet d’installation et de transmission à distance par téléphone et par mail. De nombreux porteurs d’idée de création agricole profitent de cette période de confinement pour avancer dans leur projet de reconversion professionnelle et la pandémie est pour certain un élément déclencheur. Par contre, l’activité de sensibilisation et d’accompagnement (Café installation transmission et portes ouvertes, formations) est fortement impactée puisque les rassemblements sont interdits et ces actions sont difficilement envisageables à distance. Ces actions vont être reportées au mieux au mois de juin et sinon à l’automne 2020, laissant présager d’un probable engorgement à cette période et un report à l’année suivante ?
L’équipe salariée en lien avec le conseil d’administration met à profit cette période de « bureau » pour avancer sur les bilans et dépôt de financement, de l’ingénierie (formations, nouveaux projet, financière …), des études en cours et en projet et enfin réajuster le fonctionnement, les dispositifs et les emplois du temps en fonction de l’actualité.
Pour les porteurs de projet d’installation et de transmission, les parcours sont inévitablement décalés et cela lié au fait que les visites de fermes, les dispositifs d’accompagnement, les signatures de ventes… ne peuvent pas ou peu avoir lieu.
Pour les agriculteurs du réseau, le travail continue ! Les producteurs en circuits courts sont bien mis en avant mais il faut jongler entre une augmentation de la demande et une adaptation aux contraintes- interdiction des marchés- ce qui demande réflexion et temps en plus (livraison, préparation des commandes) ajoutés pour certain.e.s à la nouvelle fonction d’enseignant.e !
ARDEAR
Le réseau des ADDEAR en Auvergne-Rhône-Alpes se trouve empêché dans ses activités : confinement oblige, les salarié.es télétravaillent pour une partie, sont en chômage partiel ou en congé pour garde d’enfant pour d’autres, et les formations et accompagnements sont à l’arrêt pour l’instant. Le rythme des structures étant calé sur les saisons agricoles, le printemps est normalement un temps fort de l’activité de l’association. Tout est donc ralenti : les porteurs de projets à l’installation sont stoppés dans leur parcours, l’accompagnement à la transmission des fermes est décalé, les accompagnements collectifs aux changements de pratiques ne peuvent se faire et sont donc reportés à l’année prochaine.
Quelques accompagnements individuels et collectifs continuent par interface numérique, mais c’est loin d’être aussi riche et pertinent que les rencontres physiques. Par ailleurs, l’association s’est investie dans des actions d’appui aux paysan·nes pour gérer la situation sanitaire (transmission des informations, relais des circuits de distribution actifs, mise en lien de bénévoles et paysan.nes, appui juridique…)
A court terme, l’arrêt des formations provoque des difficultés financières certaines, en termes de budget comme de trésorerie : les formations qui n’ont pas eu lieu ce printemps seront pour partie annulées. D’autre part, l’ARDEAR est financée par des subventions publiques, qui sont depuis quelques années attribuées en fonction du nombre d’actions réalisées effectivement. L’association n’obtiendra donc certainement pas tous les financements auxquels elle prétendait. Enfin, son travail actuel d’aide aux paysan·nes dans cette situation particulière n’est financée que par ses maigres fonds propres.
A long terme, c’est la pérennité de ses structures déjà fragiles financièrement qui est engagée, et au-delà, l’installation et l’accompagnement de paysan·nes nombreux et nombreuses dans les territoires, le développement d’une agriculture locale, résiliente et respectueuse de la nature.
L’association observe donc d’un côté un grand ralentissement et des inquiétudes pour la poursuite de nos activités, alors que d’autre part beaucoup d’aspects de cette crise montrent la pertinence de ses actions : les paysan·nes en agriculture paysanne connaissent une forte demande pour leurs produits de qualité, les pouvoirs publics semblent prendre conscience de l’importance d’une agriculture locale et de la souveraineté alimentaire, les emplois locaux générés par ces fermes ne sont pas menacés, ce qui conforte l’association dans sa volonté de multiplier le nombre de paysan.nes dans des productions diverses qui puissent alimenter les populations locales, tout en étant respectueux de l’environnement.
L’ARDEAR est donc confortée dans la nécessité de ses actions et espère que cette crise sera l’occasion d’une prise de conscience sociétale de l’enjeu de la relocalisation de notre agriculture.