UCAYALI, Pérou (OIT Infos) – Un réseau de juges de paix s’est associé aux efforts déployés par l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour éradiquer le travail forcé dans la région amazonienne du Pérou.
L’exploitation forestière illégale affecte la région depuis des décennies. Cette activité a non seulement un effet dévastateur sur le paysage et l’environnement, mais elle gâche aussi la vie de générations entières de communautés, principalement indigènes, qui se retrouvent prises au piège du travail forcé.
Bon nombre de ces bûcherons sont recrutés par des intermédiaires qui les piègent dans la servitude pour dettes en leur proposant des avances sur salaires, des produits alimentaires et du troc de bois. Très vite, les travailleurs se retrouvent piégés dans un cycle de dettes et de servitude, qui se transmet de génération en génération.
Dans le cadre du Projet Bridge de l’OIT, qui soutient les efforts de lutte contre le travail forcé, 130 juges de paix ont été formés dans les départements à haut risque d’Ucayali, San Martin et Loreto, dans la région amazonienne, ainsi qu’à Cusco et à Puno, dans la région des hauts-plateaux.
On recense plus de 5 800 juges de paix au Pérou. Ils sont membres de longue date de leur communauté et élus par leurs concitoyens pour jouer le rôle de conciliateurs et contribuer à la résolution des conflits au sein de leur communauté. Comme ils sont au fait des problèmes auxquels sont confrontés leurs voisins, ils sont bien placés pour mener des activités de sensibilisation sur le travail forcé, en particulier dans les zones rurales reculées.
S’appuyant sur les directives élaborées dans le cadre du projet Bridge en collaboration avec le Bureau national des juges de paix et son antenne locale à Ucayali, les juges de paix, une fois formés, seront aptes à identifier les cas de travail forcé et à prendre des mesures pour les prévenir et intervenir dans ce type de situation.
«Nous savons que les juges de paix sont élus en raison de l’image de ’bon comportement’ qu’ils transmettent à la population. Cette réputation leur permet de résoudre les conflits et de sanctionner les irrégularités commises au sein des communautés, y compris les cas de travail forcé», explique Rudbel Gaspar, un juge de paix de Neshuya, département d’Ucayali, dans la jungle centrale du Pérou.
Leyla Shahuano, une juge de paix du district de Yarinacocha, également situé dans le département d’Ucayali, explique qu’elle considère que la prévention du travail forcé et le choix des mesures à prendre à l’égard des victimes du travail forcé font désormais partie de ses attributions. «Les femmes se démarquent et se donnent les moyens d’agir pour pouvoir prendre des décisions dans notre communauté amazonienne. Faire en sorte que les gens ne soient plus piégés dans des situations de travail forcé est l’une des tâches dont nous devons nous acquitter en tant que juges de paix, et, pour ce faire, nous devons collaborer avec les autorités municipales de nos villages», explique-t-elle.
Progrès et enjeux
Le principal objectif du Projet Bridge, financé par le ministère du Travail des Etats-Unis (USDOL), consiste à lutter contre le travail forcé grâce à des interventions en lien avec la prévention et le renforcement des politiques publiques.
«Bien que des progrès aient été accomplis en termes notamment de criminalisation du travail forcé, de renforcement du cadre réglementaire des inspections du travail et d’élaboration des programmes de formation destinés aux acteurs de la justice, des problèmes majeurs subsistent», signale la coordinatrice du Projet Bridge, Teresa Torres.
«Nous espérons que le Pérou ratifiera le Protocole relatif à la convention sur le travail forcé, un instrument adopté par l’OIT en 2014 qui définit des mesures axées sur la prévention, la protection, l’accès à la justice et l’accompagnement des victimes, tout en examinant les facteurs qui accroissent le risque de travail forcé.»
Le gouvernement péruvien a déclaré le 1er février Journée nationale contre le travail forcé. Ce jour célèbre la date à laquelle le pouvoir a ratifié la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930.
Le présent article ne reflète pas nécessairement les prises de position ou politiques du ministère du Travail des Etats-Unis, et la mention de telle ou telle marque, tel ou tel produit commercial ou telle ou telle organisation n’implique de la part du gouvernement des Etats-Unis aucune appréciation favorable ou défavorable. Le financement est assuré par le ministère du Travail des Etats-Unis sous le numéro d’accord de coopération IL‐27592-15-75-K-1 (Projet Bridge). L’intégralité des coûts du Projet Bridge, qui atteint un montant total de 14 395 138 dollars E.-U., sont financés par des fonds fédéraux.