Selon la publication The Protection We Want: Social Outlook for Asia and the Pacific (La protection que nous voulons: Perspectives sociales pour l’Asie et le Pacifique), élaborée conjointement par la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et le Bureau régional de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour l’Asie et le Pacifique, environ la moitié de la population de la région ne bénéficie d’aucune couverture sociale. Seuls quelques pays disposent de systèmes complets de protection sociale offrant une couverture relativement large.
«Une protection sociale complète constitue le fondement de sociétés saines et d’économies dynamiques. La pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence cet impératif en montrant l’effet stabilisateur des systèmes de protection sociale qui fonctionnent bien, et comment l’absence de tels systèmes exacerbe les inégalités et la pauvreté», déclare Armida Salsiah Alisjahbana, secrétaire exécutive de la CESAP.
«La fourniture d’une protection sociale efficace à l’ensemble de la population de la région oriente déjà notre approche, car nous préconisons de combiner une assistance à court terme et des stratégies à long terme, afin de mieux reconstruire après la pandémie», ajoute-t-elle.
La portée et l’ampleur des dispositifs existants demeurent limitées. La plupart des programmes de lutte contre la pauvreté ne parviennent pas à atteindre les familles les plus pauvres, et la pandémie risque de réduire à néant les progrès accomplis depuis bientôt dix ans pour éradiquer la pauvreté. De nombreux pays sont également confrontés à des niveaux d’inégalité élevés – tant en termes de résultats que de perspectives –, encore exacerbés par la pandémie. Aussi, le vieillissement de la population, les migrations, l’urbanisation, les catastrophes naturelles, le changement climatique ainsi que les progrès technologiques viennent encore ajouter des difficultés supplémentaires à une situation déjà compliquée.
Selon le rapport, l’insuffisance des investissements est l’une des principales causes de l’énorme déficit de couverture sociale. Si l’on exclut la santé, de nombreux pays de la région consacrent moins de 2 pour cent de leur PIB à la protection sociale. Ce faible niveau d’investissement dans les hommes et les femmes contraste nettement avec la moyenne mondiale, qui s’élève à 11 pour cent. Mais la forte prévalence de l’emploi informel dans la région, qui représente près de 70 pour cent de l’ensemble des travailleurs, joue également un rôle.
«La crise du COVID-19 a mis en lumière la situation précaire de nombreux travailleurs et travailleuses, notamment ceux de l’économie informelle. A l’évidence, il convient d’investir davantage dans les systèmes publics de protection sociale pour éviter de paralyser les progrès sociaux et économiques accomplis dans la région au cours des dernières décennies», déclare Chihoko Asada-Miyakawa, directrice du Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le Pacifique.
Elargir la protection sociale aurait un effet immédiat sur la réduction de la pauvreté, des inégalités et des disparités de pouvoir d’achat. Ainsi, la proportion de ménages qui vivent dans la pauvreté diminuerait de 18 points de pourcentage si les gouvernements offraient des allocations familiales de base, des prestations d’invalidité et des pensions de vieillesse.
Si les investissements requis de 2 à 6 pour cent du PIB sont importants, le rapport indique qu’ils sont à la portée de la plupart des pays. Il est aussi recommandé aux gouvernements de redéfinir les priorités des ressources existantes, d’accroître les recettes publiques, de tirer parti des nouvelles technologies et d’intégrer la protection sociale dans les stratégies nationales de développement, en s’appuyant sur le dialogue social.
Le rapport a été présenté en marge de la Cinquième série de Conversations régionales sur le thème «Reconstruire en mieux». Le dialogue de haut niveau sur «la protection sociale: un droit pour tous ou un privilège pour quelques-uns?» a été marqué par la présence de personnalités éminentes, en particulier Guy Ryder, Directeur général de l’OIT; Mereseini Vuniwaqa, ministre de la Femme, de l’Enfance et de la Lutte contre la pauvreté (Fidji); Haiyani Rumondang, directrice générale du Département des relations professionnelles et de la sécurité sociale, ministère de la Main-d’œuvre (Indonésie); Sania Nishtar, assistante spéciale du Premier ministre pour la Division de la réduction de la pauvreté et de la sécurité sociale (Pakistan); Kung Phoak, secrétaire général adjoint de la communauté socio-culturelle de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN); Sarah Cook, directrice de l’Institut pour le développement mondial, Université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie); et Michael Cichon, professeur émérite à l’Ecole supérieure de gouvernance à l’UNU-MERIT, Maastricht (Pays-Bas).
Voir la Conversation régionale (non disponible en français)