La Fondation Terre Solidaire soutient l’association Notre Affaire à Tous et plus particulièrement son projet « Inégalités climatiques » qui vise à documenter les inégalités climatiques en France et sensibiliser le grand public.
Une partie de ce projet était consacré à la réalisation d’une enquête inédite sur les vécus et engagements climatiques dans 5 villes du Sud de la France, Marseille, Montpellier, Narbonne, Nîmes et Toulouse. Grâce à l’expertise de l’Université Lyon 2 et l’UMR Triangle, 130 personnes ont été interrogées entre juin et juillet 2019.
Cette enquête souligne la volonté des habitant(e)s de se mobiliser aujourd’hui pour réclamer la justice et pour que chacun paie la juste part face aux causes et effets inégaux du changement climatique.
Un changement climatique de plus en plus flagrant impactant les habitants dans leur vie quotidienne
70% des personnes interrogées expliquent observer des évolutions du climat dans les villes concernées par l’enquête. Le bouleversement des saisons, les différences brutales de température sont les premières constatations évoquées par les enquêté(e)s.
Ils sont 76% à attribuer ces évolutions climatiques à des changements dans leurs cadres de vie et leur environnement, notamment une forte densification des villes et l’absence progressive d’espaces verts en milieu urbain conduisant à un sentiment fort d’asphyxie et de « fournaises urbaines » durant les épisodes de forte chaleur.
Pour 56% d’entre eux, le changement climatique influe directement sur leurs manières de vivre au quotidien.
Les politiques publiques en question face aux enjeux climatiques
Pour 50% des habitant(e)s interrogés, les villes doivent être les principaux acteurs pour limiter les effets du changement climatique. Et pourtant, le constat est sans appel : à l’unanimité, les villes ne sont pas suffisamment engagées dans des politiques de lutte et d’adaptation aux effets des altérations écologiques et climatiques. Les interrogé(e)s dénoncent des engagements pris comme des demi-mesures, des politiques clientélistes, ou encore de la récupération.
Pour 88%, cette inaction des politiques urbaines conduit à renforcer les inégalités sociales existantes (précarité énergétique, santé de personnes vulnérables…) A ce sentiment d’injustice s’ajoute un sentiment d’impuissance parmi les habitant(e)s qui n’envisagent pas que les pouvoirs publics puissent impulser de nouvelles orientations à hauteur des enjeux écologiques et sociaux.
Un sentiment de colère partagé encourageant un engagement au quotidien
Si les habitants pointent majoritairement du doigt les pouvoirs publics quant à leur inaction face aux enjeux climatiques, ils sont conscients de la responsabilité collective que nous avons vis-à-vis de la planète. Cette responsabilité collective tient principalement sa source dans nos modes de vie consumériste pour 30% d’entre eux. Et pour cette raison, ils évoquent la nécessité d’agir au quotidien par des gestes simples et directs.
Près de 58% d’entre eux se déclarent engagé(e)s en faveur de l’écologie : sortir d’un modèle de consommation de masse, diffuser des pratiques écologiques dans son entourage, s’engager dans une association qui agit en faveur de l’environnement, changer ces modes d’alimentation sont autant de formes d’engagement écologique mentionnées par les personnes interrogées.
S’ils s’accordent à dire que la responsabilité est collective et que chaque geste compte, les principaux interrogé(e)s sont conscients que seule une action collective portée par les citoyen(ne)s pourra exercer une véritable pression et engendrer les changements écologiques nécessaires. Certains y voient même un renouveau possible des manières de vivre, davantage tournées vers le respect des milieux habités et plus largement du vivant, mais aussi de nouvelles valeurs pour guider les relations humaines et donc la manière de faire politique.
« Vivre les fournaises urbaines » est une enquête conduite par l’UMR Triangle pour Notre Affaire à Tous, sous la responsabilité scientifique de Guillaume Faburel (Pr, Université Lyon 2, UMR Triangle) et assuré par l’aide à la coordination de Fabian Lévêque (Doctorant, Université Lyon, UMR Triangle) et de Karl Berthelot (Doctorant, EHESS), de Mathilde Girault et Loriane Ferreira (Université Lyon 2, UMR Triangle). Le Réseau des Territorialistes a également été mobilisé.