Il ne peut y avoir de travail décent pour tous sans travail décent pour les jeunes

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L’Objectif de développement durable (ODD) 8 vise à «promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous». Qu’entend-on par «tous»? Existe-t-il des groupes particulièrement défavorisés lorsqu’il s’agit de trouver un travail décent? Oui, les jeunes d’aujourd’hui – la génération la mieux éduquée de tous les temps et notre espoir d’un avenir meilleur – sont le groupe d’âge qui a le plus de mal à trouver un travail décent.

En 2022 – les dernières données disponibles – les 15-24 ans représentaient environ 21 % de la population totale en âge de travailler. Pourtant, ils représentaient moins de 13 % du nombre total de personnes employées. Les chiffres du chômage sont encore plus frappants. Trente-trois pour cent des chômeurs étaient des jeunes.

Les jeunes sont également plus susceptibles d’occuper de «mauvais» emplois. Ils sont, par exemple, deux fois plus susceptibles que les travailleurs adultes de vivre dans l’extrême pauvreté – c’est-à-dire avec moins de 1,90 dollar par jour en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA)*.

Ils sont également beaucoup plus susceptibles d’être employés de manière informelle, avec peu ou pas de protection sociale. Selon les dernières données disponibles sur l’emploi informel des jeunes, le taux d’informalité des jeunes était de 78 % en 2021, contre 58 % pour les adultes.

En outre, en temps de crise, les jeunes souffrent de manière disproportionnée et se remettent plus lentement que les autres groupes d’âge. Nous l’avons constaté lors de la crise du COVID-19 et nous continuons à le constater lors de la «polycrise» actuelle – les défis multiples et cumulés auxquels le monde est confronté, tels que le changement climatique, les conflits et l’inflation élevée à l’échelle mondiale.

Une récente note d’information de l’OIT posait la question suivante: Has youth empoyment recovered? (L’emploi des jeunes s’est-il rétabli?) Il conclut que la période de crise s’est atténuée à bien des égards, mais que les marchés du travail des jeunes n’ont pas encore complètement rebondi. Cela est particulièrement vrai dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire, notamment dans les États arabes, en Asie de l’Est, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

En 2022, au niveau mondial, près d’un quart des jeunes ne suivaient pas d’études, d’emploi ou de formation (NEET). Cela représente plus d’un demi-point de pourcentage de plus qu’avant la conférence COVID-19, soit l’équivalent d’environ 289 millions de jeunes.

Les jeunes femmes sont encore plus susceptibles d’être NEET que les jeunes hommes. Bien que les écarts entre les sexes dans les taux de NEET aient diminué au cours des 16 dernières années, le taux de NEET chez les jeunes femmes reste plus de deux fois supérieur à celui des jeunes hommes (32 % et 15 %, respectivement, en 2022). Cet écart résulte en grande partie des inégalités entre les sexes en matière de participation au marché du travail.

Le travail décent pour tous ne peut être atteint que par une approche cohérente qui rassemble les politiques macroéconomiques, sectorielles, sociales et de compétences dans un cadre unique, en s’appuyant sur le dialogue entre les gouvernements et les représentants des employeurs et des travailleurs. Les institutions du marché du travail doivent être renforcées pour faciliter les transitions vers et au sein des marchés du travail.

Toutefois, il ne faut pas s’attendre à ce que ces politiques se répercutent automatiquement sur les groupes défavorisés. Compte tenu de leurs besoins et de leurs vulnérabilités spécifiques, des interventions ciblées sont nécessaires pour les atteindre. Il s’agit là d’un impératif si nous voulons atteindre l’ODD 8, car il ne peut y avoir de travail décent pour tous sans travail décent pour tous les jeunes.

Par Dibyaudh Das, Analyste, Direction générale de l’emploi, des marchés du travail et de la jeunesse (EMPLAB), Département de l’EMPLOI.
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* La parité de pouvoir d’achat permet une comparaison significative des niveaux de vie entre les pays

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