Pestilence du pouvoir

Éditorial  de Rajen Valayden

Pour beaucoup de concitoyens, le verdict des urnes de Novembre 2024, n’a simplement fait que  remplacer au pouvoir, des « parvenus » par d’autres . Comme dit ce proverbe africain « toutes les grenouilles dansent de la même façon ». La lassitude de la population est palpable au point de créer une frénésie sur un éventuel chaos sociale. Comment arrive-t-on, en si peu de temps, à tourner le plébiscite en  rejet ? L’espoir en méfiance ?

Le fond de ce malaise c’est avant toute chose un réflexe incompréhensible de nos politiques, qui une fois au pouvoir, veulent à tout prix le pérenniser. Aveuglés par cette obsession, ils peinent à constater les réalités quotidiennes du peuple. En voulant épingler les travers de leurs prédécesseurs, nos dirigeants font l’impasse sur le bon sens. Huit mois  depuis que le gouvernement  actuel jouit du pouvoir absolu et en toute objectivité, le constat est peu flatteur. Bien que les « Chamchas » expédiés sur les antennes des médias tentent vainement de la camoufler, cette crise de confiance au sein de la population  est bien réelle. On ne peut nourrir le peuple  de rodomontades et déclarations dont le pseudo solennité n’a d’équivalent que le vide tient lieu de Gouvernance. Le pays a besoin de respirer, le peuple de paix et les entreprises de clarté. Un gouvernement qui se veut sérieux ne peut permettre à ses ministres et autres nominés  d’agir comme des fanfarons dansant sur un air de castagnettes.

La bonne gouvernance, reste  incontestablement une rareté pour ce peuple qui se remet lentement d’une énième désillusion politique. Croulant sous l’ivresse d’un pouvoir inespéré, les élus font perdurer les tripatouillages, népotisme, copinages et abus de pouvoir. Loin des promesses de novembre 2024, plus ça change, plus ça se ressemble. Bien qu’Ils se disent démocrates, l’ensemble de nos leaders politique pataugent dans la démagogie . Ils s’adonnent à la manipulation de l’opinion publique en exploitant les émotions, les préjugés et les craintes des citoyens. Au lieu de proposer des solutions réfléchies, ils favorisent la séduction par  des promesses exagérées, des attaques ciblées et  des discours simplistes.

Pour Navin Ramgoolam  la politique se résume aux bains de foule, serrage des mains, embrassades des enfants, photos avec  les anciens, bref ,  tout pour simuler la familiarité. Noyé dans l’ivresse du pouvoir, il est convaincu que la popularité dont il jouit est bien réelle. Au point de regretter l’alliance avec ses partenaires, qu’il qualifie en privé comme « des béquilles ».  Navin Ramgoolam  qui aime tant nous effrayer en nous rappelant les déboires de Jugnauth, oubli que l’unique raison de la victoire écrasante du MSM  en 2014 est bien sa mauvaise gestion du pays.  Voilà qu’il récidive et son  gouvernement élu majoritairement par la classe ouvrière  a désormais choisi son camp et l’assume pleinement, un gouvernement des nantis.

Toute la stratégie de  cette « élite économique » repose sur l’efficacité des « cipayes »  camoufler en technocrate ou souvent économistes. En favorisant l’élégance mathématique au détriment de la complexité du monde réel, ces économistes avec leur pulsion freudienne aiguillent les paramètres  pour colmater les socles déchiquetés de notre ’économie. Ce sophisme libéral est une menace à prendre très au sérieux. Je persiste à dire « Gare aux Chicago Boys ! » La vie de nos enfants est trop importante pour que nous la laissions entre les mains d’économistes, de financiers et de banquiers. Le problème avec les  libéraux, c’est qu’ils sont des platistes insensibles qui croient que la terre est plate et la vie humaine une ligne droite. Ces adeptes de Milton Friedman œuvrent délibérément pour le démantèlement de l’Etat Providence. La privatisation des soins de santé et d’éducation, réduisant l’accès pour les groupes marginalisés figure en haut de leur agenda. Ils s’en fichent de la concentration des richesses nuisant à la cohésion sociale, l’affaiblissement des biens publics, l’exploitation du travail et autres inégalités. Alors que les communicants du pouvoir s’agitent pour marginaliser les avis dissidents, ils s’activent à faire défiler leurs béni-oui-oui sur  les plateaux des médias pour vanter les pseudos mérites d’une idéologie basée sur le pragmatisme. Rien qu’au cours des derniers dix jours, de New York a Guandong en passant par la Catalogne et Quảng Ngãi ( Vietnam), la vie s’est arrêtée pour des millions d’êtres humains, victimes de calamités naturelles liées aux changements climatiques, indéniables  conséquences  du « Pragmatisme ».

Pourquoi refuse-t-on de relever des défis systémiques en intégrant l’économie écologique ? Pourquoi ne pas considérer des métriques au-delà du PIB, accentuer  la richesse inclusive et  introduire des indices de bonheur ? Quels intérêts défend ce gouvernement ?

Ah oui ! Il y a la dette. Ce monstre apocalyptique qui va tout engloutir si rien n’est fait. En 2005 L’alliance Social de  Navin Ramgoolam  fut reconduit au pouvoir justement  sur l’autel de la dette, laissée par le duo Berenger / Jugnauth. Ce même Berenger qui après deux années aux commandes du pays décrétait « l’état d’urgence économique » et prévoyait un « Black-out » imminent. 20 ans après, le constat est accablant. La dette a doublé, la paupérisation de la classe moyenne s’accentue, alors que les profits des banques et  des grosses pointures se sont multipliés par DIX. En 20 ans les «  Chaebols » ont bénéficiés des largesses sans précèdent de l’état et le comble, c’est nous qu’on ose traiter de peuple assisté !

Aujourd’hui l’économie est plus que jamais hermétique et les inepties de nos gouvernants  n’arrange en rien la situation déjà chaotique. A titre d’exemple, trente ans après la fermeture de presque toutes les tanneries, les affirmations d’un ministre qui est confiant de ressusciter le secteur du cuir, en dit long sur l’hallucination collective. L’amateurisme dont fait preuve ce gouvernement   entrainera la fermeture de nombreuse pme et provoquera l’exode des opérateurs principalement dans les services financiers. Face au délire de nos élus , il y a l’ire d’un peuple.

Dans les couloirs on entend des voix timides. Celles des dissidents, presque des ronronnements  qui se taisent au moindre regard du leader. Ils lui sont redevables et le risque de s’aventurer dans l’inconnu est effrayant. Mais l’histoire reteindra bien leur nom, ces collabos qui ont trahi notre confiance, celle d’un peuple ! Ils seront jugés au même titre que les autres. Comme le dit Percy Bysshe Shelley dans la Reine Mab « le pire est que, quand on en possède même seulement un peu, on ne s’aperçoit pas qu’on est pollué par cette pestilence ravageuse du pouvoir ».

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