Bilan de la première année de mise en œuvre du programme de transition vers une agroécologie paysanne au service de la souveraineté alimentaire

La Fondation Terre Solidaire soutient depuis deux ans un important programme de développement de l’agroécologie en Afrique et en Amérique du Sud.
L’objectif principal de ce programme est d’engager une transition vers une agroécologie par et pour les paysannes et paysans afin de contribuer à atteindre la souveraineté alimentaire au sein des territoires.

Ce programme, porté par le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires, vise à
– Soutenir, démultiplier et promouvoir la mise en œuvre d’initiatives alternatives au système agricole et alimentaire dit « conventionnel » ;
– Animer une dynamique collective pour promouvoir et défendre l’agroécologie paysanne et son rôle de vecteur de transformation écologique et solidaire ;
– Faire le lien entre les enjeux de transition dans et entre les zones du programme afin de questionner les modes de vie et de consommation au Nord comme au Sud qui ont des impacts environnementaux et sociaux négatifs sur les populations du Sud.

L’agroécologie est un concept innovant en capacité de favoriser une transition des modes d’agriculture plus durables à l’échelle des paysans. Elle n’est pas une fin en soi mais bien un levier qui permet de contribuer à l’amélioration à la fois de la production alimentaire, et de l’alimentation (en qualité et en diversité), à la réappropriation de savoirs locaux (semences paysannes notamment) et à l’adaptation locale au changement climatique. L’agroécologie implique également de modifier en profondeur la structure de l’emploi et est porteuse d’opportunités qui constituent autant de débouchés en milieu rural – notamment pour les jeunes.

La Fondation Terre Solidaire a souhaité soutenir des expérimentations locales dans des territoires géographiquement et culturellement très différents. Ainsi au sein de chaque territoire et à partir de projets concrets, les soutiens de la fondation visent à croiser les enseignements et résultats et les mettre en regard du fonctionnement des sociétés et leurs relations avec les écosystèmes. Ceci afin d’en tirer des enseignements communs en capacité de faire système à une échelle plus globale.

Quelques chiffres clés après un an de programme

13 660 exploitations agricoles familiales soutenues
Plus de 70 000 personnes sensibilisées
29 actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics
193 organisations locales (associations, organisations paysannes) ayant bénéficié d’actions de renforcement de capacités (au niveau organisationnel et/ou technique)
Des dynamiques d’échanges renforcées entre les parties prenantes du programme et avec les organisations partenaires (plus d’une cinquantaine)

Au Sahel

De plus en plus de paysannes et paysans s’engagent dans une stratégie de transition vers l’agroécologie, et voient cette dernière comme un modèle agricole et alimentaire porteur d’un développement des territoires.
17 organisations ont pu renforcer leurs capacités grâce à des formations (105 au total), des visites d’échanges (9 au total), des rencontres ou ateliers de concertation (30 au total).
Au Burkina Faso par exemple, Aprossa (lien vers l’article de l’interview de Amadou Diallo) a formé maraîchers et agropasteurs à la production et l’utilisation de compost mais aussi de biopesticides.

Même si toutes les organisations ne sont pas engagées dans la promotion des semences paysannes, le programme a permis de faire émerger une dynamique collective sur ces enjeux.
L’organisation malienne AOPP a rejoint la dynamique du Comité Ouest Africain des Semences Paysannes (COASP) et accompagne 8 organisations paysannes dans la multiplication de semences paysannes.
BEDE (Biodiversité Echanges et Diffusions d’Expériences) accompagne, via des rencontres annuelles, la mise en réseau de collectifs de producteurs de semences paysannes tant au niveau national qu’au niveau régional. Avec l’appui de BEDE, la plateforme nigérienne Agroécologie RayaKarkara a organisé un atelier sur les enjeux liés aux semences paysannes, suivi d’une foire. Cet atelier a réuni des représentants des 8 régions du Niger mais aussi de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (et d’Europe) et a permis de former et sensibiliser les participants aux enjeux règlementaires sur les semences paysannes en Afrique de l’Ouest.

Dans la région des Grands Lacs africains

Comme au Sahel, de plus en plus de paysannes et paysans s’engagent en faveur de l’agroécologie. Grâce au programme, ils ont été 10 339 soutenus dans la région des grands lacs africains et 59 937 sensibilisés à l’agroécologie paysanne lors de cette première année.

Au Burundi par exemple, la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement (CAPAD) anime une plateforme pour développer des synergies autour de l’agroécologie. La plateforme promeut des « fondamentaux de l’agroécologie » comme la collecte et l’utilisation de la biomasse (paillage, production de la fumure organique à travers des composts en tas, fumure d’étables, etc.) la gestion parcimonieuse et rationnelle de l’eau pour l’irrigation des cultures ainsi que l’utilisation du matériel biologique résilient.

Dans les pays andins

Une forte dynamique collective a été mise en place entre les 6 organisations de la région, et a permis la réalisation de visites d’échanges, de rencontres et d’ateliers de capitalisation.
1 499 paysannes et paysans ont été soutenus au cours de cette première année. Comme en Colombie, où avec l’appui de l’organisation CENCOIC (Central Cooperativa Indígena del Cauca), 69 parcelles agroécologiques ont été renforcées grâce à l’apport de matériaux pour la construction de petites unités de production de fertilisants organiques et biopesticides. Ces appuis favorisent la récupération de terres dégradées par la production intensive de coca pour le narcotrafic et la conversion vers la production de café biologique d’exportation source de revenus pour les producteurs. Ils permettent également d’éviter que les producteurs ne misent pas tout sur le café avec les risques que cela impliqueraient.

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