Et tu Paul ?

Billet de Rajen Valayden (Mercredi 1er Juin 2011)

 

Au fil des années, les Mauriciens cèdent de plus en plus volontiers à la fascination et à l’endoctrinement, voire à la foi aveugle dans les politiciens qui, au lieu de transformer ce peuple et de l’élever à la conscience rationnelle des intérêts supérieurs de la société, s’adonnent à la flatterie des passions vulgaires et à la démagogie. Ce que ce peuple peine à réaliser, c’est que chaque décision prise provoque une cascade de conséquences sur leur vie quotidienne, et que celles-ci sont souvent irréversibles.

L’exemple de Mauritius Telecom est le plus flagrant qui soit. Après s’être précipité de conclure la vente de 40 % des actions de la compagnie dès son arrivée au pouvoir en 2000, Paul Bérenger, quelques années plus tard, exprimait ses inquiétudes sur les négociations avec Orange, filiale de France Télécom. Il devait même déclarer que « Mauritius Telecom fait partie de notre patrimoine » et que « Sir Anerood Jugnauth serait le mieux placé pour attester qu’il s’agit d’une institution de classe mondiale ». Quelques jours plus tard, il récidive et traite le projet de ‘rebranding’ sous la marque Orange d’« acte antipatriotique révoltant ». C’est pourtant ce même Paul Bérenger qui soutenait que le rachat de 40 % des actions de MT par France Télécom pour Rs 7 milliards – accord conclu en 2001 sous le précédent gouvernement MSM-MMM – était « un bon deal » dans le sens où, disait-il, cela avait permis au gouvernement de maintenir son contrôle sur MT.

Il alla plus loin le 22 avril 2008 en affirmant que France Télécom aurait, depuis 2001, « saboté systématiquement » chaque proposition de MT d’étendre ses activités dans la région. Pour lui, loin d’être lié à des difficultés financières, ce refus ferait partie d’une stratégie délibérée d’attentisme de France Télécom, le temps que MT « rann lékor » à Orange, permettant ainsi à cette dernière d’opérer la percée régionale, alors que l’idée derrière le partenariat était justement de permettre à MT de conquérir des marchés régionaux.

Alors que Didier Lombard, alors PDG de France Télécom, déclarait à la presse que l’accord conclu « ne concerne que les services de téléphonie mobile et d’Internet » de MT, Paul Bérenger avait riposté en déclarant ceci : « Il ne faut pas nous prendre pour des demeurés ! Nous savons tous que ce sont précisément la téléphonie mobile et l’Internet qui rapportent le plus, tandis que la téléphonie fixe prend la porte de sortie ! » Paul Bérenger voulait aussi d’un débat public sur les réserves qui se chiffraient à Rs 10 milliards, et que France Télécom voulait voir distribuer avec la complicité des cadres du ministère des Finances.

Tous ces événements se déroulent alors que les tentacules de France Télécom aspirent les richesses de notre patrimoine national. Plans de retraite volontaire (VERS), licenciement des cadres, imposition des contrats à durée déterminée, licenciements de syndicalistes et remise en question de tous les droits acquis sont autant de précédents qui inspirent les autres secteurs.

Jusqu’ici, Paul Bérenger s’est contenté de lancer des mots lors de ses rendez-vous hebdomadaires avec la presse. Il s’est abstenu d’utiliser le Parlement pour s’enquérir de la situation. Mais peut-être qu’il a déjà tout dit lors de cette fameuse rencontre qui aurait duré plus de trois heures, avec l’ancien PDG Thierry Breton, en 2004, alors que ce dernier était en visite privée à Maurice…

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