POUVOIR PARALLÈLE

Depuis des décennies déjà on observe une tendance à contrôler, voire à neutraliser le pouvoir politique. Les personnes qui incarnent ce système représentent un pouvoir parallèle et absolu

Au départ, cela se justifiait par une volonté de dépolitiser les grands problèmes de la vie nationale et de sauvegarder l’intérêt suprême de l’État. Mais les personnes qui incarnent ce système ont dépassé les bornes.

On assiste donc à la conquête de situations dominantes par les forces économiques, administratives et techniques, qui peuvent ainsi influencer les autorités conformément à leurs intérêts particuliers. La réussite de ce mouvement est due grandement à l’apathie du citoyen et à la démission des politiques devant l’intervention des techniciens. On ne peut aussi négliger la servitude de certains technocrates au pouvoir économique privé, installé aux points sensibles de l’activité de l’Etat, ou les clivages sociaux et culturels qui exercent une influence non négligeable.

Rapport personnels

C’est un fait que seule une poignée d’hommes témoignent d’une attention soutenue pour les problèmes de la politique. La faiblesse notoire du taux de syndicalisation, la baisse du militantisme politique et le déclin des idéologies qui caractériseraient la période récente, sont le résultat d’une stratégie bien fomentée. L’indifférence d’une large partie des citoyens aux vicissitudes de la politique est une inclination permanente de nos systèmes politiques. Le recul devant les techniciens des appareils de la politique, et spécialement des organismes étatiques, constitue un phénomène de la plus haute importance pour le système démocratique de gouvernement.

De plus, en dehors de leurs conseillers officiels, les ministres demandent assez volontiers un avis à des techniciens avec qui ils ont des rapports personnels ou des relations de parti. Bien que ces contacts jouent un rôle dans la détermination des choix, il n’est pas possible d’en donner une vue systématique. En moyenne pourtant, l’appartenance à certains organes ou milieux ouvre des facilités particulières pour agir sur les hommes politiques. On peut y voir la base de départ d’une influence sur le processus gouvernemental.

Cette force pourrait être contenue si les hommes politiques, spécialement au niveau des ministères et des organismes d’État, témoignaient de plus de courage et de vigueur à l’égard des techniciens dont l’influence se construit souvent sur la faiblesse de leurs interlocuteurs.

L’indispensable technocrate

L’un des phénomènes importants de l’histoire du capitalisme est sans doute l’apparition des sociétés anonymes, de la grande entreprise capitaliste. Cette apparition est venue bouleverser le fonctionnement de la société capitaliste en provoquant, par ricochet, d’autres changements dans la structure de ce système. Alors que le capitaliste était à la fois gestionnaire et propriétaire des moyens de production, voilà que la gestion est maintenant séparée de la propriété. À partir de ce moment, la gestion constituera une fonction spécifique au sein de la grande entreprise capitaliste et cette fonction sera étroitement liée à un
savoir, à des compétences particulières : c’est le début de l’ère de la bureaucratisation, de la rationalisation ainsi que de la montée du savoir, de la science, et de la technologie comme forces de production. D’où l’indispensabilité du technocrate.

Le développement du système financier et bancaire avait permis de mettre à la disposition des entrepreneurs tout le potentiel (capital) économique de la société. Les investissements et la production ont alors connu une progression fulgurante. Les propriétaires d’entreprise ont alors dû confier les tâches de gestion de leur industrie à d’autres individus. Une nouvelle catégorie d’individus a vu le jour : les bureaucrates.

Le savoir (la science) était intimement lié à cette nouvelle forme d’organisation. Par conséquent, la bureaucratisation de l’entreprise capitaliste et le fonctionnement rationnel de celle-ci sont venus changer le principe de régulation des sociétés.

Autrement dit, le moteur des sociétés est maintenant sous la tutelle de bureautechnocrates. Cette nouvelle classe sociale dirigeante est devenue très influente dans la société. Elle fonctionne dans les structures privées, tout comme dans le système de l’Etat. Elle a pris le pouvoir dans la société.

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