Reprendre pied sur sa ferme par l’agriculture durable et solidaire

Photo prise par Skitterphoto

Créée en 1993 (à l’initiative d’éleveurs laitiers d’Ille-et-Vilaine), ADAGE 35 (Agriculture Durable par l’Autonomie, la Gestion et l’Environnement) est une association de développement agricole qui accompagne ses adhérents sur la réduction des charges et l’autonomie alimentaire des élevages par le développement de systèmes herbagers dans une démarche d’agriculture durable et qui permettent d’améliorer la valeur ajoutée de la ferme.
Fort de son expérience sur l’accompagnement technico-économique en faveur d’une agriculture durable, ADAGE 35 a souhaité élargir sa proposition d’accompagnement vers des publics parfois en retrait de son environnement professionnel, parfois en difficultés.

Contexte

Faire évoluer les pratiques agricoles vers des systèmes économes et autonomes peut répondre aux attentes de paysans en difficultés. Mais le volet « social » de l’agriculture durable est sans doute le plus difficile à partager entre paysans. Plusieurs dispositifs sont potentiellement mobilisables pour les agriculteurs en difficultés par le biais de diagnostics et d’accompagnements au changement de pratiques. Mais rares sont ceux qui adoptent une approche globale des situations pour un public souvent «épuisé». Une telle approche globale permet une plus grande efficacité dans le règlement des situations. Souvent, en effet, les difficultés sont tellement imbriquées qu’il est impossible d’espérer une solution dans un domaine si les autres blocages ne sont pas levés. Or les acteurs habituels qui accompagnent une exploitation interviennent traditionnellement de manière sectorielle. Il est alors nécessaire de favoriser les synergies et les complémentarités en particulier entre une association de développement agricole – ADAGE 35 – qui accompagne ses adhérents sur la réduction des charges et l’autonomie alimentaire des élevages par le développement de systèmes herbagers, et une association qui accompagne les paysans en difficulté – Solidarité Paysans.

Moyens mis en œuvre

En Ille-et-Vilaine, ADAGE 35 a identifié l’association Solidarité Paysans Bretagne comme un acteur « ressource » important pour bénéficier d’un savoir-faire et monter en compétence. En effet, Solidarités Paysans Bretagne, a développé une expertise solide dans l’accompagnement social, individuel et collectif, de paysans confrontés à ces difficultés professionnelles et à leurs impacts sur leur vie privée et leur santé. Les deux associations ont donc lancé en 2018 une expérimentation sur trois années pour développer une méthodologie d’accompagnement individuel innovante et basée sur une approche globale des agriculteurs en difficultés en Ille-et-Vilaine.

Premiers résultats

En 2018, 6 premières fermes ont été accompagnées, et un guide méthodologique fruit de cette expérience a été produit
La méthode d’accompagnement individuel associant bénévoles et salariés est déjà connue dans le monde agricole et en particulier mobilisée par l’association Solidarité Paysans. Ce qui est nouveau, c’est de formaliser ce dispositif au-delà du cercle « agriculteurs en difficultés » et d’y associer pleinement ADAGE 35, association de développement agricole. L’échange entre pairs qui existe déjà par exemple dans les actions de formations élargit son champ d’action pour prendre en compte individuellement les situations les plus fragiles, économiquement, financièrement ou socialement.
Cette initiative met plusieurs choses en mouvement :
– Des paysans qui se forment à l’accompagnement individuel, qui se responsabilisent vis-à-vis de collègues.
– Des salariés qui développent des compétences nouvelles.
– Des structures qui apprennent à se connaître, qui vont travailler dans la durée ensemble en s’appuyant sur les compétences réciproques, de manière proactive (identifier les besoins et les ressources).
– Un état d’esprit qui évolue dans l’attention aux autres, une meilleure prise en compte des personnes et une dynamique collective pour se saisir de situations difficiles.

Par ailleurs, ADAGE 35 remobilise déjà cette expérience pour alimenter d’autres projets que l’association porte pour une agriculture plus économe, autonome et solidaire. C’est le cas dans le projet Ecophyto 30 000, l’accompagnement de groupes d’agriculteurs à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Un autre projet, Transaé, autour de la question du travail (organisation, bien-être) et de l’agro-écologie a permis de faire le lien entre la motivation pour l’activité et le métier comme levier d’évolution du système de production. L’approche sociale, historiquement porté par le réseau des Civam (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) se trouve ici confortée et à même d’irriguer les questions de développement agricole.

Pourquoi la fondation soutient ce projet ?

La transition écologique doit également être sociale. Face à la profonde crise agricole et à l’enlisement de la profession agricole dans les difficultés, il est apparu important pour la Fondation Terre Solidaire d’encourager la recherche de solutions concrètes et non stigmatisantes pour accompagner des agriculteurs en difficulté à changer leur système pour sortir durablement du rouge. La fondation a donc été intéressée par ce projet qui favorise les synergies et les complémentarités entre un réseau paysan qui promeut une agriculture durable (basée sur le développement des systèmes agricoles économes en intrants et autonomes) et un réseau qui, au quotidien, vient en aide et accompagne les agriculteurs en difficulté. Ainsi ce projet expérimente de nouvelles formes de coopération entre deux réseaux d’appui au monde agricole qui ne se connaissaient pas forcément. En particulier, il initie un nouvel axe de travail en direction de publics fragilisés pour une association de développement agricole comme l’ADAGE 35.

 

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